Chili - Réviser la Constitution pour réduire le rôle de l'arméeVALPARAISO, 4 mai 2001 (latinreporters.com) - Retirer à l’armée son rôle de garante des institutions est l’un des objectifs de la nouvelle réforme constitutionnelle que souhaite le gouvernement du président socialiste chilien Ricardo Lagos. Un consensus avec l’opposition conservatrice sera nécessaire pour amender la Constitution, entrée en vigueur en septembre 1980, pendant la dictature du général Augusto Pinochet. Une majorité parlementaire qualifiée, de trois cinquièmes ou de deux tiers selon les sujets, est en effet requise pour réformer la charte suprême. Le Président Lagos ne dispose pas d’une telle majorité. Le ministre de l’Intérieur, Miguel Insulza, reconnaît donc la nécessité d’un consensus avec la droite. " La semaine prochaine, je donnerai quelques indications (sur le projet de réforme) à la recherche d’un consensus " annonçait jeudi le ministre à Valparaiso, ville côtière qui abrite le Congrès national, à 120 km de Santiago. " La seule chose que nous demandons, ajoutait-il, est d’avoir une Constitution qui soit du goût de tous ". La majorité des observateurs soulignent que gouvernement et opposition pourraient s’entendre sur l’élimination des sénateurs non élus et nommés à vie. Le général Pinochet est l’un d’eux depuis 1998. Une convergence de vues existe aussi à propos de la modification de la composition du Tribunal constitutionnel et sur l’élargissement du pouvoir de contrôle exercé par la Chambre des députés. Par contre, les divergences sont nettes en ce qui concerne deux revendications de la coalition gouvernementale de centre gauche : le retrait du rôle de garants des institutions dévolu aux militaires et l’octroi au président de la République du pouvoir d’écarter les commandants en chef des forces armées. Des divergences concernent aussi la modification du système électoral et la réforme des attributions du Conseil de sécurité national, au sein duquel le président de la République et les chefs militaires siègent au même niveau. Le gouvernement du Président Ricardo Lagos y voit autant " d’enclaves autoritaires " héritées de la dictature et qui empêchent la pleine restauration démocratique au Chili. La Constitution de septembre 1980 a déjà subi plusieurs révisions partielles depuis le retour progressif du Chili à la démocratie. Le texte initial restreignait les droits et les libertés sous un régime présidentiel autoritaire, qui octroyait à l’armée un pouvoir autonome au sein de l’Etat. Des réformes successives ont élargi notamment le droit de vote, la liberté d’expression et les droits syndicaux. Mais la révision souhaitée par Ricardo Lagos a valeur de symbole. Le président chilien est en effet le premier socialiste au pouvoir depuis 1973, année du coup d’Etat militaire de Pinochet contre le régime de Salvador Allende.
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