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Chili: Pinochet ne sera sans doute jamais jugé

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Chili

SANTIAGO, 9 juillet 2001 (LatinReporters.com) - C'est en déclarant le général Augusto Pinochet privé de raison que la cour d'appel de Santiago a justifié lundi la suspension "temporaire et partielle" des poursuites judiciaires ouvertes contre l'ex-dictateur pour violations des droits de l'homme. En conséquence, Pinochet, âgé de 85 ans, ne sera sans doute jamais jugé.

Il est en effet peu probable que sa santé déficiente, cause réelle de la suspension des poursuites, s'améliore prochainement. Le week-end dernier, des rumeurs annonçaient même son décès et sa fille cadette, Jacqueline Pinochet, le définissait comme "moribond". La plupart des observateurs estiment donc que la suspension "temporaire" sera en fait définitive.

Les problèmes de santé avaient également justifié la décision du gouvernement britannique de ne pas extrader Augusto Pinochet vers l'Espagne, où le juge Baltasar Garzon le réclame pour crimes contre l'humanité. D'octobre 1998 à mars 2000, le général fut néanmoins retenu en Grande-Bretagne pendant un an et cinq mois. Pinochet souffre notamment d'insuffisance cardiaque et de diabète.

Depuis le début de l'année, Augusto Pinochet est inculpé par la justice chilienne d'avoir couvert 57 assassinats et 18 enlèvements perpétrés en 1973 par des militaires. Ce dossier, connu comme celui de "La caravane de la mort", reste ouvert et les poursuites continuent contre d'autres inculpés pour les mêmes crimes. Mais Pinochet était et est toujours un symbole qui échappe désormais au procès et à la condamnation.

Pour les familles des 3.197 morts et disparus sous la dictature de Pinochet (1973-1990), la déception est immense. Contre la suspension des poursuites, leurs avocats n'ont pour seul recours que la cassation pour vice de forme, mais la décision de la cour d'appel ne peut être remise en question sur le fond.

Avant même que soit prononcée la suspension des poursuites contre Pinochet, les mêmes avocats et des membres d'organisations de défense des droits de l'homme estimaient que la suspension serait "un encouragement au génocide" et qu'elle obligerait, d'autre part, les plaignants à réclamer à l'Etat chilien les dommages exigés, au total un milliard et demi de dollars, pour le meurtre ou la disparition de parents sous la dictature.

Selon l'avocat communiste Eduardo Contreras, "l'arrêt de la cour d'appel est le résultat de pressions politiques".

De nombreux adversaires de Pinochet estiment que la médiatisation de ses problèmes de santé ont été réglés comme un véritable show visant à influencer la justice et à s'y soustraire. Si c'était le cas, le but est atteint.


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