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Chili : fichage de Pinochet reporté; ses avoirs gelés aux Bermudes

SANTIAGO, 16 mai 2001 (LatinReporters.com) - Invoquant de raisons de santé, les avocats défenseurs du général Pinochet ont obtenu mercredi de la Cour d’appel un troisième report, de quinze jours, du fichage policier de l’ex-dictateur. Les proches d’Augusto Pinochet veulent lui éviter l’humiliation d’être photographié de face et de profil et de se faire prendre les empreintes digitales comme n’importe quel délinquant.

Inculpé par le juge Juan Guzman Tapia, Augusto Pinochet, âgé de 85 ans, est poursuivi par la justice chilienne comme complice de l’élimination, en 1973, de 75 prisonniers politiques (57 exécutés et 18 disparus) par un commando militaire baptisé " Caravane de la mort ".

L’établissement de sa fiche policière est une obligation légale, reportée à diverses reprises en raison de la santé déficiente de l’ex-dictateur. Ses partisans et sa famille estiment " humiliant " qu’il puisse être traité comme un vulgaire criminel.

Le report accepté par la cinquième salle de la Cour d’appel de Santiago, régulièrement favorable à Pinochet, laisse sans effet la décision prise mardi par le juge Guzman de procéder au fichage dans les trois jours.

Le général à la retraite Guillermo Garin, porte-parole de Pinochet et coordinateur de sa défense, espère une annulation définitive de l’obligation de fichage criminel de l’ex-dictateur.

Le cas échéant, il estimerait plus approprié à l’état de santé de Pinochet un fichage " en absence ". Cette procédure, non explicitement prévue par la loi, mais que le général Garin dit tolérée, permettrait d’établir la fiche policière en utilisant des photographies et des empreintes de Pinochet archivées au Service du Registre Civil et d’Identification. Pinochet ne devrait alors pas être présent et éviterait l’humiliation.

Le porte-parole de l’ex-dictateur insiste sur la détérioration de la santé d’Augusto Pinochet. " Il est de plus en plus difficile, dit-il, de contrôler le diabète qui l’afflige beaucoup. En outre, il y a quelques jours, il a été opéré de la bouche et il récupère difficilement ".

Le vice-gouverneur des Bermudes, Tim Gurney, confirmait mardi le gel d’actifs d’Augusto Pinochet, sans en préciser le montant, à la demande du juge espagnol Baltasar Garzon.

Le juge Garzon continue à poursuivre Pinochet pour " génocide ", " tortures " et " disparitions " sous sa dictature (1973-1990). C’est suite à une demande d’extradition du juge espagnol que le général avait été interpellé à Londres le 16 octobre 1998 et retenu pendant 503 jours par les autorités britanniques.

Les avocats défenseurs Jose Maria Eyzaguirre, au Chili, et Jose Maria Stampa, en Espagne, démentent l’existence de comptes bancaires d’Augusto Pinochet aux Bermudes. Selon eux, en outre, le juge Garzon n’aurait pas la faculté de solliciter leur embargo si ces comptes existaient.

" Du moins à notre connaissance et selon ce que nous a dit le général Augusto Pinochet lui-même, il n’existe aucun compte de cette nature aux Bermudes ni nulle part ailleurs " précise Jose Maria Eyzaguirre, qui croit à une campagne internationale pour " couvrir de boue " le général Pinochet et l’armée chilienne.

Cependant, Guillermo Garin, porte-parole du général, n’exclut pas catégoriquement qu’un partisan de Pinochet ait pu lui faire une donation déposée aux Bermudes ou que l’ex-dictateur lui-même y ait domicilié une assurance vie, oubliant de le mentionner à cause de ses " lacunes mentales ".