Chili: à Santiago, Dieu polémique contre DieuSANTIAGO, 5 juillet 2001 (LatinReporters.com) - Un millionnaire nord-américain et un groupe de poètes chiliens s'opposent dans une curieuse polémique, à coups d'affiches et de panneaux publicitaires dans les rues de Santiago, avec des phrases signées par ni plus ni moins que Dieu, le Tout-Puissant en personne. Le millionnaire, un citoyen des États-Unis non identifié, a chargé une entreprise argentine de tapisser les avenues et autres espaces publics de la capitale chilienne d'affiches qui clament "Nous devons Parler! Dieu", "Cette phrase, Aime ton Prochain, est sérieuse. Dieu", "Ne pas Voler, ne pas Tuer, ne pas Mentir. Quelle partie du Non n'as-tu pas compris? Dieu"... Impossible d'ignorer ces affiches qui font redouter aux Chiliens l'imminence d'un châtiment divin. Au prix de 70.000 dollars, elles ont été placardées dans une centaine de points stratégiques de Santiago. Choqués par le ton impératif des messages, qu'ils estiment même menaçants, plusieurs poètes chiliens ont décidé de contre-attaquer d'une manière ludique, irrévérencieuse et libertaire. "Ne pas désirer la femme de ton prochain, c'était une plaisanterie. Dieu", "Quand ai-je dit que torturer n'était pas un péché? Dieu", "Utilise des préservatifs. Dieu" sont quelques-unes des répliques qui fleurissent sur les murs de Santiago. Pour l'instant aussi anonymes que leur adversaire, les poètes affirment, au quotidien électronique "Primera Linea", répondre ainsi "de manière élégante à une campagne agressive qui insulte l'intelligence". Leur but est d'offrir "une ironie thérapeutique aux citoyens", "d'équilibrer le discours" et de "montrer que Dieu est capable d'avoir un autre regard". Selon des représentants du millionnaire nord-américain, ce dernier ne chercherait qu'à "rappeler la présence de Dieu et ses normes" par une campagne lancée non seulement au Chili, mais aussi aux États-Unis, en Argentine, au Brésil et en République dominicaine. Des observateurs neutres et optimistes espèrent que la polémique permettra aux habitants de Santiago de compenser la superficialité de leur vie néolibérale par des réflexions transcendantes, de la même façon que toute polémique sur la sculpture ou la peinture modernes a pour mérite de raviver l'intérêt pour l'art en général. Un humoriste se demande même si l'alternance des affiches du millionnaire et des poètes n'a pas lancé le message subliminal et œcuménique "Aime ton prochain, mais avec un préservatif".
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