Amérique latine: les émigrés envoient 20 milliards de dollars par an
Les envois de ces émigrés, en augmentation, atteindraient 300 milliards de dollars sur l’ensemble des dix prochaines années. Aussi la BID proposait-elle, mardi à Washington, différentes formules pour que ces transferts contribuent le mieux possible au développement des pays récepteurs. La BID a cité l’exemple de l’Espagne et de ses caisses d’épargne, qui ont canalisé les économies des émigrés espagnols en Europe pendant les années 50 et 60. Les banques commerciales d’Amérique latine, elles, marquent trop peu d’intérêt pour les populations à faible revenu. La mobilisation des associations d’émigrés en faveur de fonds d’investissements pour le développement de leur pays a aussi été suggérée, ainsi qu’une coordination pour réduire le coût des transferts financiers. Les Etats-Unis et dans une moindre mesure l’Espagne et l’Italie sont les destinations privilégiées des émigrés d’Amérique latine. Le recensement réalisé l’an dernier aux Etats-Unis indique que 5% de sa population (14,47 millions de personnes) est constituée d’immigrés latino-américains, mais aussi que la population d’origine hispanique s’élève à 35,5 millions de personnes, soit 12,5% du total du pays. Huit à dix fois par an, les émigrés latino-américains envoient une somme moyenne de 250 dollars, grevée d’un coût de transfert allant de 14 à 29 dollars. Le total annuel de ces petites sommes atteint 20 milliards de dollars. La BID a analysé les transferts vers 12 pays (Brésil, Colombie, République Dominicaine, Equateur, Salvador, Guatemala, Haïti, Honduras, La Jamaïque , Mexique, Nicaragua et Pérou), qui absorbent 90% des envois des émigrés. Ces envois sont supérieurs à l’aide officielle au développement. Ils égalent le tiers des investissements étrangers directs et les surpassent dans certains pays. Ils équivalent aussi à 150% des intérêts de la dette extérieure payés par l’ensemble des pays latino-américains au cours des cinq dernières années. Dans le cas du Mexique, les transferts financiers des émigrés (6,795 milliards de dollars, chiffre de 1999) représentent plus de 160% de la valeur des exportations agricoles du pays. Ils égalent les revenus du tourisme, s’élèvent à 60% des investissements étrangers directs et rapportent autant que les deux tiers des exportations de pétrole. Le Salvador reçoit de ses émigrés neuf fois plus que l’aide officielle au développement. L’Equateur recueille ainsi le triple de ses revenus du tourisme et le double de ses investissements étrangers directs. Pour la Colombie, les transferts financiers d’émigrés équivalent à la moitié de la valeur des exportations de café. Les émigrés latino-américains contribuent ainsi de manière importante à la stabilité et au développement social de leur pays.
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