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Le dispensaire du père Schroeder accueille des malades de 80 villages

Pérou: un Albert Schweitzer canadien en Amazonie

par William Wadoux, de l'Association et Expédition Carishina

Au mur de la chambre du père Schroeder, un couteau sacrificiel inca sous une image pieuse symbolise la tolérance du paganisme dans laquelle baigne ce missionnaire. A droite: la petite Luz Maria, le visage déformé par un bec-de-lièvre
© Yann Le Dorner - Philippe Herriau / Carishina
SANTA CLOTILDE - PEROU (retranscrit par LatinReporters.com à Quito, mardi 16 juillet 2002) -

«Tu vois, cette gamine, elle a eu les jambes brisées entre deux pirogues» dit Maurice, le regard habitué mais avec beaucoup de tendresse, en montrant une enfant de 2 ans dont les jambes sont suspendues par des attelles. En dépit des seize années passées dans le dispensaire de Santa Clotilde, en Amazonie péruvienne, Maurice Schroeder, prêtre catholique canadien, 65 ans, n’a pas perdu sa verve sous laquelle pointe une certaine ironie.

Ce grand échalas en blouse verte et rangers, le stéthoscope au cou mais sans trace d’aucune croix chrétienne, a traîné son allure mince et altière dans plusieurs pays, dont Haïti, au service des religieux de Marie Imanuel.

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Au Pérou, la tâche ne manque pas: le dispensaire dont il a la charge couvre une vaste région, située entre l’Amazone et la frontière équatorienne. C’est une succession de malades venus de 80 villages, après de nombreuses heures de pirogue, pour montrer leurs plaies, réclamer du confort après une crise de malaria, recevoir le médicament miracle pour l’infection qui tord leurs intestins pourtant endurcis.

Luz Maria, née il y a quatre semaines, exhibe un visage déformé par un bec-de-lièvre. Sa mère en pleurs attend depuis trop longtemps le passage d’un chirurgien plastique bénévole qui sillonne la région pour prodiguer ses soins. Maurice la prend dans ses bras avec la même tendresse que pour tous ses patients. Il nous présente les installations qui ne manquent pas de nous rappeler certaines scènes de films américains des années 50, en particulier le bloc opératoire avec son énorme lampe de métal blanc.

Quand il se met à parler des médecines traditionnelles, celles qui souvent précèdent et accompagnent ses médicaments et ses compresses, c’est pour leur reconnaître des vertus morales facilitant guérisons et apaisement. L’homme a la tolérance de ceux dont les convictions se sont forgées sur le terrain. Il éludera la question de la foi de ses patients avec un parallèle amusant: les Haïtiens sont à 85 % catholiques et à 102 % vaudous.

Une infirmière le sollicite et c’est séduits par son charisme mystérieux que nous le laissons regagner son cabinet sous le cri des perroquets qui volent dans la petite cour de l’hôpital. Et nous repensons à la question « Pourquoi es-tu resté ? », à laquelle il nous a renvoyé un énigmatique «Il faut bien être quelque part ».

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