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Porto Alegre: Charte des principes du Forum social mondial

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DOSSIER:

(Anti)globalisation-ZLEA
Forum social mondial
[Cette charte sert de référence pour tout ce qui se fait au nom du Forum Social Mondial. Elle doit être respectée par ceux qui désirent participer au Forum ou en organiser de nouvelles éditions. La charte a été approuvée le 9 avril 1991 par  le comité des entités brésiliennes (voir en bas de page) qui avait pensé et organisé le premier Forum Social Mondial, réalisé à Porto Alegre du 25 au 30 janvier 2001. Latinreporters.com a mis en caractères gras les mots définissant les orientations essentielles de la charte.] 

1. Le Forum Social Mondial est un espace ouvert de rencontres pour l'approfondissement de la réflexion, le débat démocratique d'idées, la formulation de propositions, le libre échange d'expériences et l'articulation d'actions efficaces, d'entités et de mouvements de la société civile qui s'opposent au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital et par n'importe quelle forme d'impérialisme, et qui sont investis dans la construction d'une société planétaire centrée sur l'être humain.

2. Le Forum Social Mondial de Porto Alegre fut un événement situé dans le temps et dans l'espace. A partir de maintenant, dans la certitude proclamée à Porto Alegre qu' "un autre monde est possible", il devient un processus permanent de recherche et de construction d'alternatives, qui ne se réduit pas aux événements sur lesquels il s'appuie.

3. Le Forum Social Mondial est un processus de caractère mondial. Toutes les rencontres qui prendront part à ce processus ont une dimension internationale.

4. Les alternatives proposées au Forum Social Mondial s'opposent à un processus de globalisation capitaliste commandé par les grandes entreprises multinationales et par les gouvernements et institutions internationales au service des intérêts de celles-ci. Elles visent à faire prévaloir, comme nouvelle étape de l'histoire du monde, une globalisation solidaire qui respecte les droits de l'homme universels, ceux de tous les citoyens et de toutes les citoyennes de toutes les nations, et de l'environnement, soutenue par des systèmes et institutions internationaux démocratiques au service de la justice sociale, de l'égalité et de la souveraineté des peuples.

5. Le Forum Social Mondial réunit et articule seulement des entités et des mouvements de la société civile de tous les pays du monde, mais ne prétend pas être une instance représentative de la société civile mondiale ni exclure de ses débats les responsables politiques, mandatés par le peuple, qui décident d'assumer les engagements qui en résultent.

6. Les rencontres du Forum Social Mondial n'ont pas un caractère délibératif en tant que Forum Social Mondial. Personne ne sera donc autorisé à s'exprimer au nom du Forum, dans quelque édition que ce soit, en présentant des positions qui prétendraient être celles de tous les participants. Les participants ne doivent pas être appelés à prendre des décisions, par vote ou acclamation, en tant que rassemblement des participants au Forum, sur des déclarations ou des propositions d'action qui les engagent tous ou la majorité et qui se voudraient être des prises de position du Forum en tant que Forum.

7. Les entités ou ensembles d'entités qui participent aux rencontres du Forum doivent être assurés cependant de pouvoir délibérer en toute liberté pendant ces rencontres sur des déclarations et des actions qu'ils décideront de développer, seuls ou coordonnés avec d'autres participants. Le Forum Social Mondial s'engage à diffuser largement ces décisions par les moyens qui lui sont possibles, sans imposer de directions, de hiérarchies, de censures et de restrictions, mais comme des délibérations des entités ou ensembles d'entités qui les auront assumées.

8. Le Forum Social Mondial est un espace pluriel et diversifié, non confessionnel, non gouvernemental et non partisan, qui articule de façon décentralisée, en réseau, des entités et des mouvements engagés dans des actions concrètes, du niveau local au niveau international, pour la construction d'un autre monde. Il ne se constitue pas cependant comme une instance de pouvoir disputée par les participants de ses rencontres, ni ne prétend se constituer en alternative unique d'articulation et action des entités et mouvements qui y participent.

9. Le Forum Social Mondial pense la démocratie comme étant le chemin pour résoudre politiquement les problèmes de société. Comme espace de rencontres, il est ouvert au pluralisme et à la diversité des engagements et actions des entités et mouvements qui décident d'y participer, comme à la diversité des sexes, des races, des ethnies et des cultures.

10. Le Forum Social Mondial s'oppose à toute vision totalitaire et réductionniste de l'histoire et à l'usage de la violence comme moyen de contrôle social par l'Etat. Il y oppose le respect des Droits de l'Homme, des relations équitables, solidaires et pacifiques entre les personnes, les races, les sexes et les peuples, condamnant toutes les formes de domination ainsi que l'assujettissement d'un être humain par un autre.

11. Les rencontres du Forum Social Mondial sont toujours des espaces ouverts à tous ceux qui veulent y participer, excepté les organisations qui attentent à la vie des personnes comme méthode d'action politique.

12. Comme espace de débat, le Forum Social Mondial est un mouvement d'idées qui stimule la réflexion et la diffusion transparente maximale des résultats de cette réflexion, sur les mécanismes et les instruments de la domination du capital, sur les moyens et les actions de résistance et de victoire sur cette domination, et sur les alternatives qui peuvent être proposées pour résoudre les problèmes d'exclusion et d'inégalité que le processus de globalisation capitaliste actuellement hégémonique est en train de créer ou d'aggraver, internationalement et à l'intérieur des pays.

13. Comme espace d'échange d'expériences, le Forum Social Mondial stimule la connaissance et la reconnaissance mutuelles des entités et des mouvements qui y participent, en valorisant particulièrement ce que la société est en train de construire pour recentrer l'activité économique et l'action politique sur les nécessités de l'être humain et le respect de la nature.

14. Comme espace d'articulation, le Forum Social Mondial cherche à fortifier et à créer de nouvelles articulations nationales et internationales entre les entités et les mouvements de la société civile qui augmentent, tant dans la sphère de la vie publique que de la vie privée, la capacité de résistance sociale au processus de déshumanisation que le monde est en train de vivre, et qui renforcent les initiatives humanisatrices en cours par l'action de ces mouvements et entités.

15. Le Forum Social Mondial est un processus qui stimule les entités et les mouvements qui contribuent à situer leurs actions comme des questions de citoyenneté planétaire, introduisant dans l'agenda global les pratiques transformatrices qu'ils expérimentent dans la construction d'un nouveau monde.

São Paulo, le 9 avril 2001

Signataires:

ABONG – Associação Brasileira de Organizações Não Governamentais (Association Brésilienne d’Organisations Non Gouvernementales).

ATTAC – Ação pela Tributação das Transações financeiras em Apoio aos Cidadãos (Action pour la Taxation des Transactions Financières en Aide aux Citoyens).

CBJP – Comissão Brasileira Justiça e Paz, da CNBB (Commission Brésilienne Justice et Paix, de la CNBB).

CIVES – Associação Brasileira de Empresários pela Cidadania (Association Brésilienne des Entrepreneurs pour la Citoyenneté).

CUT – Central Única dos Trabalhadores (Centrale Unique des Travailleurs).

IBASE – Instituto Brasileiro de Análises Sociais e Econômicas (Institut Brésilien d’Analyses Sociales et Economiques).

MST – Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra (Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre).

Le Forum social mondial
pour la... globalisation!
(mais solidaire)

PORTO ALEGRE, jeudi 31 janvier 2002, LatinReporters.com - Sur la lancée du succès médiatique remporté dès sa première édition en 2001, le Forum Social Mondial 2002 de Porto Alegre (Brésil) a été officiellement inauguré jeudi soir par une marche pour la paix. Selon la police, plus de 50.000 opposants à la globalisation néolibérale ont défilé sans incident notoire dans cette ville vitrine de la gauche brésilienne qui la gère.

Sous le slogan "Changer le monde est possible", 16.000 délégués de 5.000 organisations de tous les continents, tenteront jusqu'au 5 février de développer la réflexion antilibérale après les attentats islamistes du 11 septembre dernier contre les Etats-Unis. La mobilisation internationale contre le terrorisme provoquée par ces attentats avait anesthésié momentanément la contestation contre la mondialisation économique et culturelle.

Les délégués devraient se prononcer majoritairement contre le terrorisme, mais aussi contre l'intervention militaire américaine en Afghanistan.

En vertu de l'article 11 de la Charte des principes du Forum Social Mondial, excluant "les organisations qui attentent à la vie des personnes comme méthode d'action politique", des indépendantistes basques de l'ETA et des insurgés des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) n'ont pas été admis au Forum.

La Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), prévue pour 2005 de l'Alaska à la Terre de Feu, a été dès l'ouverture du Forum dénoncée comme une "tentative d'annexion de l'Amérique latine aux Etats-Unis" par Luiz Inacio Lula da Silva, favori actuel de l'élection présidentielle brésilienne d'octobre prochain et leader du Partido dos Trabalhadores (Parti des travailleurs, PT), le plus grand parti de gauche du Brésil et d'Amérique latine.

Lula, comme l'appellent les Brésiliens, indique en outre que, s'il est élu président, il pourrait conditionner le paiement de la dette extérieure de son pays (230 milliards de dollars, près du double de celle de l'Argentine) aux nécessités de la lutte contre la pauvreté.

La crise argentine, le commerce mondial, le contrôle des mouvements de capitaux, la dette extérieure, l'environnement, la lutte contre les discriminations et pour la paix, ainsi que les droits de l'homme sont au nombre des thèmes qui animeront les 160 séminaires, 28 conférences et 700 débats du Forum Social Mondial.

Globalisée et mondialisée par son  pouvoir de convocation, par l'universalité de ses préoccupations et par l'utilisation massive du média global qu'est Internet, l'édition 2002 de la réunion de Porto Alegre peut-elle encore être définie comme une manifestation antiglobalisation ou antimondialisation?

La Charte elle-même du Forum Social Mondial revendique une "globalisation solidaire" et une "citoyenneté planétaire".

Les adversaires déclarés de la globalisation semblent donc n'avoir d'autre solution que de proposer leur propre globalisation, qu'ils espèrent plus humaine, mais qui risque de renouer avec des théories collectivistes ayant rarement fait bon ménage avec la démocratie.

Le vrai débat sur la mondialisation se résume peut-être au choix difficile entre deux maux: les inégalités du libéralisme ou les risques de dérapage totalitaire liés historiquement au rêve égalitaire.

Comme l'an dernier, le Forum Social Mondial se réunit à la même date, pour lui faire contrepoint, que le Forum Economique Mondial de Davos, qui a émigré cette année à New York, en hommage à cette ville durement frappée par le terrorisme en septembre dernier.


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