Mexique: scepticisme un an après le triomphe du président Fox
De nombreux analystes estiment que malgré la fin de l'autoritarisme politique du PRI, la pauvreté, la corruption et les inégalités restent solidement ancrées dans la société mexicaine. Aujourd'hui, "comme avec le PRI" souligne le sociologue Lorenzo Meyer, 10% des Mexicains détiennent quasi la moitié des revenus du pays, tandis qu'à l'autre extrême 20% de la population doit se contenter d'à peine 1% des richesses. Le gouvernement lui-même reconnaît qu'aujourd'hui, comme il y a un an, 40 des 100 millions de Mexicains vivent au-dessous du seuil de pauvreté. L'autre grande déception postélectorale est l'absence de solution définitive à la révolte zapatiste des Indiens du Chiapas. En campagne électorale, Fox affirmait qu'il réglerait le problème "en quinze minutes". Mais les Zapatistes du sous-commandant Marcos se sont déclarés à nouveau "en rébellion" pour protester contre les amendements parlementaires au projet de Loi sur les droits et la culture indigènes. En outre, la popularité de Vicente Fox a souffert du récent "toallagate" (le "serviettegate"), scandale provoqué par la révélation de dépenses de ménage excessives pour la résidence officielle du président, à propos notamment de serviettes de bain brodées payées 500 dollars la pièce. Fox, célèbre pour sa phrase "le président propose et le Congrès dispose", n'imaginait probablement pas que le Parlement, au sein duquel aucun parti ne dispose de la majorité absolue, gèlerait nombre de ses initiatives où les immobiliserait à mi-chemin. Députés et sénateurs bloquèrent littéralement une réforme fiscale qui prétendait appliquer pour la première fois une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 15% aux produits alimentaires, aux médicaments et aux livres. Même des élus du Parti de l'Action nationale (PAN), le parti de Vicente Fox, se refusent à signer un chèque en blanc au chef de l'Etat. Sous la présidence de Vicente Fox, le Mexique a aussi subi le contrecoup du ralentissement de l'économie des États-Unis. Près de 200.000 Mexicains ont perdu leur emploi depuis le début de l'année et la croissance économique, de 6,9% en 2000, risque d'être inférieure à 2,5% en 2001. Analystes et politiciens de diverses tendances reconnaissent néanmoins les succès de Vicente Fox dans la lutte contre les narcotrafiquants et la fraude électorale. Le chef de l'État se voit en outre créditer de l'amélioration de l'image du Mexique à l'étranger et, surtout, de la naissance d'une véritable liberté d'expression. Aujourd'hui enfin, au Mexique, même la télévision peut rire du président ou le critiquer.
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