Disparus: le Mexique se penche à son tour sur un passé douloureux
Le président de la commission, José Luis Soberanes, a annoncé que le rapport serait présenté en octobre et qu'il contiendrait toutes les informations relatives aux plaintes déposées pour disparitions. Selon M. Soberanes, outre les 482 disparitions dénoncées dans le pays durant les années 70, la commission enquête sur 150 autres cas. Les données du président de la CNDH contrastent avec celles d'organisations civiles comme l'AFADEM (Association des parents et amis de disparus), qui chiffre à près de 1.500 les disparitions enregistrées entre la fin des années 60 et le début des années 80. A cette époque, les forces de sécurité mexicaines menaient, surtout dans le sud du pays, une "guerre de contre-insurrection" pour réduire des groupes de guérilleros. Le Défenseur du peuple reconnaît que la révision des plaintes pour disparition peut "rouvrir de vieilles blessures". Il admet néanmoins qu'il s'agit de "blessures qui continuent de saigner. Je crois qu'il vaut mieux les ouvrir, les nettoyer et les fermer complètement". La décision de la CNDH de réactiver les enquêtes sur les disparitions est le résultat d'une intense campagne de pression menée par divers collectifs. Le Comité Eureka, qui regroupe des parents de disparus, a par exemple publié dans la presse nationale une lettre adressée au président du Mexique, le conservateur Vicente Fox. La lettre prie le chef de l'Etat d'ordonner à ses ministres de lui fournir, dans un délai de trente jours, toute l'information disponible sur les disparitions. Le Comité Eureka sollicite en outre pour ses membres "l´accès illimité et inconditionnel" aux archives des services de renseignement militaires. La présidente du comité, Rosario Ibarra, estime qu'accepter cette requête est la seule manière, pour le président Fox, de démontrer sa volonté de résoudre le problème. Doutant de l'impartialité de la CNDH, le Comité Eureka demande en outre au procureur général de la République l'ouverture d'une enquête qui recueillerait les dépositions de plusieurs ex-présidents mexicains, parmi lesquels Carlos Salinas (1988-1994), actuellement "autoexilié" du pays, et Ernesto Zedillo (1994-2000), devenu assesseur des Nations unies. Le gouvernement de Vicente Fox a promis de faire autant que possible la lumière sur la "guerre sale", mais dans le cadre des mécanismes prévus par la législation mexicaine actuellement en vigueur. Cela veut dire que le gouvernement ne créera pas la Commission de la vérité réclamée par les parents de disparus.
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