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Mexique - Les Zapatistes à nouveau " en résistance et en rébellion "

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MEXICO, 30 avril 2001 (LatinReporters.com) - Des milliers d’Indiens étaient appelés à manifester leur colère le 1er mai à Mexico et dans d’autres villes contre la nouvelle version de la " Loi pour la culture et les droits indigènes ", qu’ils qualifient de " provocation guerrière ". L’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) du sous-commandant Marcos s’est déclarée " en résistance et en rébellion ". Le rêve de paix du président mexicain Vicente Fox tourne soudain au cauchemar.

La longue marche pacifique sur Mexico des chefs zapatistes, en mars, les cent mille personnes qui les acclamaient sur la place du Zocalo, leur main tendue aux députés à la tribune même du Congrès, la libération d’une centaine de prisonniers zapatistes, le retrait de l’armée de sept positions stratégiques au Chiapas, tout cela devait sceller la paix et redonner aux Indiens leur place dans la société mexicaine. Mais, ...

Le grain de sable, et il est gros, s’est glissé dans les rouages du Congrès et du Sénat. Constitutionnellement, c’est aux élus de la nation qu’il appartenait d’approuver la " Loi pour la culture et les droits indigènes " présentée dès décembre 2000 aux parlementaires par le président Fox en personne.

Le texte remis par le chef de l’Etat reprenait les principales revendications à la base du soulèvement zapatiste du 1er janvier 1994, au Chiapas, qui fit près de 300 morts et 10.000 déplacés. " Vicente Fox a répondu à nos demandes " clamait en mars aux députés la commandante zapatiste Esther. " Nous ne partons pas les mains vides " affirmait lui-même le charismatique Marcos avant de quitter Mexico pour retourner au Chiapas.

Depuis, la " Loi pour la culture et les droits indigènes " a suivi son parcours parlementaire. Le 25 avril, le sénateurs l’approuvaient à l’unanimité. Les députés confirmaient trois jours plus tard, mais en se divisant.

Ont dit oui les députés du Parti d’Action Nationale (PAN) du président conservateur Fox et ceux du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), que Fox a déboulonné de 71 ans de pouvoir absolu. Les non sont venus de la gauche, c’est-à-dire du Parti de la Révolution Démocratique (PRD), qui pressentait la colère des Indiens. Il ne s’est pas trompé.

La loi est une " provocation guerrière " clame le Congrès National Indigène (CNI). Il représente 56 ethnies parmi les dix millions d’Indiens du Mexique. Il a appelé à manifester en masse le 1er mai contre cette " farce ".

Car les parlementaires ont si bien amendé le texte remis par le président Fox que la nouvelle loi transfère aux parlements régionaux des Etats fédérés mexicains l’interprétation du droit à l’autonomie des peuples indiens, avec en sus la volonté de limiter ce droit au cadre municipal. L’autonomie n’est donc pas formellement reconnue au niveau national et c’est une surprise.

En outre, le statut de " sujets de droit juridique " proposé pour les communautés indiennes est rabaissé à celui de " sujets d’intérêt public ". (" Ils ont échappé de justesse au statut de sujets de curiosité ", plaisante douteusement un journaliste mexicain.)

Le droit des peuples autochtones à disposer collectivement des ressources naturelles de leur sol est lui aussi limité, le pétrole et le gaz notamment demeurant le monopole du fédéral. L’interdiction d’association de plusieurs municipalités est également peu appréciée par les Indiens.

Le sous-commandant Marcos a annoncé lundi que l’Armée zapatiste de libération nationale ne renouera pas le dialogue de paix avec le gouvernement. Elle se déclare " en résistance et en rébellion " jusqu’à la reconnaissance constitutionnelle des droits et de la culture indigènes. Les Zapatistes appellent en outre à la résistance civile les populations indiennes et qualifient la loi adoptée au parlement de " Reconnaissance constitutionnelle des droits et de la culture des latifundistes et des racistes ".

Le porte-parole du PRI au sénat, Manuel Bartlett, suggère que les Zapatistes se sont peut-être trompés en demandant au parlement l’approbation de la loi " sans y changer une virgule ", car, dit-il, " le parlement est là pour légiférer ". Un poids lourd du parti présidentiel PAN, le sénateur Diego Fernandez de Cevallos, avertit, lui, que " ni Marcos ni Fox ne peuvent aller au-delà de la Constitution ".

Entre les Indiens et son propre parti, voilà donc le président Fox coincé entre le marteau et l’enclume.


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