Mexique : le président Fox frappe les narcotrafiquants
Lancée début avril, une action d’envergure contre les mafias de la drogue a démantelé une branche du cartel du Golfe dans l’Etat de Tamaulipas, limitrophe des Etats-Unis. Vingt-et-un membres présumés du cartel ont été arrêtés, ainsi que quatre militaires soupçonnés de s’être laissés acheter pour fermer les yeux sur les opérations mafieuses. Il s’agit du général Ricardo Martinez, du major Victor Torres, du capitaine Pedro Maya et du lieutenant Javier Antonio Quevedo. Au mois de mars, six membres du cartel de Tijuana, l’un des principaux du pays, étaient appréhendés à Mexico. Le bureau du procureur général de la République mexicaine assure que l’un d’eux assurait la liaison entre le cartel de Tijuana et la guérilla marxiste des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC). Les FARC vendraient au cartel mexicain de la cocaïne récoltée et traitée dans les zones du territoire colombien qu’elles contrôlent. Le 6 avril, lors de sa première visite officielle en Colombie, le président mexicain Vicente Fox et son homologue colombien, Andres Pastrana, annonçaient la création d’un " Groupe de Sécurité et de Justice " pour combattre ensemble " le problème mondial des drogues ". Selon le directeur de la Prévention des délits auprès du procureur général mexicain, Pedro Peñalosa, les revenus des narcotrafiquants totalisaient a Mexique 30 milliards de dollars pour la seule année 2000, soit le quart du budget fédéral du pays. " Avec cela, commente le fonctionnaire, les délinquants peuvent acheter des policiers, des magistrats, des politiciens et, surtout, des milliers de jeunes qui sont la base du crime organisé et qui lui permettent de fonctionner comme une entreprise efficace et moderne ". Pedro Peñalosa souligne que " la guerre des cartels " au Mexique a déjà fait 1.500 morts, soit cinq fois plus de victimes que celles des six ans de conflit entretenu au Chiapas par les zapatistes du sous-commandant Marcos. Quarante des cent millions de Mexicains vivant dans la pauvreté et vingt millions d’entre eux dans une véritable misère, Pedro Peñalosa insiste sur la nécessité d’attaquer les causes sociales, économiques, culturelles et politiques de la délinquance. Dès son investiture, le 1er décembre dernier, le président Vicente Fox déclarait la guerre au crime organisé et à ses ramifications institutionnelles tissées pendant les 71 ans de pouvoir du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel). La mafia ripostait aussitôt par une vague de crimes et par l’évasion spectaculaire du baron de la drogue Joaquin Guzman. Mais le gouvernement du Parti d’Action Nationale (PAN) de Vicente Fox semble aujourd´hui reprendre le dessus. Lors de leur rencontre au Mexique en février dernier, le président américain George W. Bush et Vicente Fox avaient décidé de renforcer leur coopération contre le trafic de drogues. Les Etats-Unis sont le premier consommateur mondial de stupéfiants et ils partagent avec le Mexique une frontière commune de 3.152 km. Le Mexique sert de pays de transit à la cocaïne colombienne destinée aux Etats-Unis. Il est aussi l’un des principaux fournisseurs du marché nord-américain de la marijuana et de l’héroïne.
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