Mexique: le remariage du président Fox serait irrégulier
Vicente Fox, leader du Parti conservateur d'Action nationale (PAN), avait mis fin aux rumeurs sur sa relation amoureuse avec Martha Sahagun en les officialisant par un mariage civil célébré le 2 juillet dernier dans la résidence présidentielle "Los Pinos". La cérémonie avait coïncidé avec le 59e anniversaire du président, avec le premier anniversaire de son triomphe électoral, qui a mis fin à 70 ans de pouvoir du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), et avec une crise de gouvernement, le "toallagate", un scandale provoqué par les dépenses domestiques excessives de la présidence. Surprenant tout le monde, le mariage a dissipé le "toallagate" et fait oublier les difficultés de Fox pour faire approuver sa réforme fiscale, toujours partiellement bloquée au Congrès. Même le conflit encore latent du Chiapas a été éclipsé. Cependant, le mariage, uniquement civil car les deux conjoints sont divorcés, devient à son tour une source de préoccupation pour le président Fox. Le directeur du Régistre civil du district fédéral de Mexico, Hegel Cortes, reconnaît que le juge qui a scellé l'union n'a pas juridiction dans la circonscription de la résidence présidentielle "Los Pinos". Ce juge n'avait donc pas le pouvoir légal de prononcer le mariage et ce dernier pourrait, théoriquement, être annulé. "Le mariage reste légal tant que personne ne sollicite en justice sa nullité" explique Hegel Cortes. Le procureur du district fédéral, Bernardo Batiz, s'est empressé de tranquilliser le monde politique déjà en ébullition, assurant que le gouvernement de la capitale, dirigé par le Parti de la Révolution démocratique (PRD, gauche), n'a aucun intérêt à intenter un procès en nullité contre le mariage de Fox. Bernardo Batiz précise qu'il faudrait des "causes graves" pour solliciter cette nullité, alors que le problème se limite en fait à "une faute administrative, qui mérite probablement une sanction" contre le juge concerné. Mais si quelqu'un se décidait néanmoins à gâcher la lune de miel du président Fox et de sa nouvelle épouse, le plaignant devrait alors, selon le procureur, appuyer sa demande par de solides preuves et attendre la décision des tribunaux. Quant à l'Eglise mexicaine, qui n'admet pas le divorce, elle partage majoritairement l'opinion du primat du Mexique, le cardinal Norberto Rivera, pour qui la situation est "irrégulière", sans mettre toutefois le président Fox en état de "péché". Néanmoins, le cardinal de Guadalajara, Juan Sandoval, considéré comme proche du Vatican et habitué a semer le scandale, se démarque de l'attitude tolérante de Mgr Rivera et accuse le chef de l'Etat d'utiliser la religion pour attirer les électeurs, tout en nuisant au catholicisme par son "mauvais exemple". Selon Mgr Sandoval, le peuple catholique éprouve de la tristesse pour "la situation irrégulière et de péché" du président, dont le comportement risque d'entraîner de nombreuses personnes "à agir de la même façon et à approuver des unions qui, pour l'Eglise, ne sont ni légitimes ni morales". Vicente Fox, lui, affirme aux journalistes que "tout est légal". Il ajoute: "Je suis amoureux de ma femme et je suis très content de mon mariage". Mais les deux époux, toujours assidus à la messe, évitent désormais de communier, l'Eucharistie étant refusée aux Mexicains divorcés.
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