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Panama - Torrijos élu président. Priorité au canal récupéré par son père

Un président proche de McDonald's, mais qui fréquente l'Internationale socialiste

Martin Torrijos fait le signe de la victoire
Photo Martin2004.com
PANAMA, lundi 3 mai 2004 (LatinReporters.com) - Martin Torrijos, fils du défunt général dictateur Omar Torrijos, a été élu président du Panama avec 47,37% des suffrages, contre 31% à son concurrent le plus proche, l'ex-président conservateur Guillermo Endara.

Les élections de dimanche -présidentielle, législatives et municipales- étaient les premières depuis le départ des troupes américaines du Panama, en 1999, année de la remise aux Panaméens du contrôle de leur canal stratégique qui relie l'Atlantique au Pacifique. L'élargissement éventuel du canal est le dossier clé que devra gérer Martin Torrijos, homme d'affaires formé aux Etats-Unis et leader du Parti révolutionnaire démocratique (PRD, social-démocrate).

Le deuxième essai a été le bon. Vaincu en 1999 par la présidente sortante, Mireya Moscoso (elle transmettra l'écharpe présidentielle le 1er septembre), Martin Torrijos recevait avec émotion, dimanche soir au siège de son parti, l'annonce de sa victoire qu'il dédiait à son père devant une foule de sympathisants. "Tu serais fier de ce que nous avons réussi ensemble" lançait-il.

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Le mot "ensemble" est adéquat. Dans les rues de Panama-Capitale, on voit encore des affiches électorales montrant le général Omar Torrijos en kaki militaire, un cigare à la bouche, sous l'image plus petite et plus moderne de Martin

Putschiste et dictateur de 1968 à 1981, fondateur du PRD, Torrijos-père n'aurait peut-être jamais gagné la médaille des droits de l'homme. Mais il symbolisa la reconquête de la dignité nationale du Panama en obtenant en 1977 du président américain James (Jimmy) Carter la restitution progressive, avec recouvrement de la souveraineté totale fixée au 31 décembre 1999, du canal et des bases militaires collatérales qui abritèrent jusqu'à 50.000 militaires de l'oncle Sam. En 1981, Omar Torrijos disparaissait dans un accident d'avion encore qualifié de mystérieux. Le canal et ses dépendances furent effectivement restitués par les Etats-Unis en 1999.

Conseiller de multinationales, théoriquement favorable au libre-échange

S'il se sert de l'image de son père, Martin ne semble pas, jusqu'à présent du moins, avoir hérité de son nationalisme populiste. Le nouveau président du Panama offre plutôt, à 40 ans, l'image d'un centriste pro-américain. Licencié en sciences politiques et en économie de l'Université de Texas A&M, il a suivi une formation militaire à l'académie de Wisconsin et, toujours aux Etats-Unis, il fut de 1988 à 1992 l'un des gérants du secteur administratif du géant de la restauration rapide, McDonald's, au siège central de Chicago.

Et s'il a siégé régulièrement ces dernières années, en qualité de secrétaire général du PRD, aux réunions du Conseil de l'Internationale socialiste, Martin Torrijos paraît plus marqué par McDonald's que par la rose au poing. Il est en effet conseiller de multinationales dans les secteurs maritime, de la communication, de la construction et de l'exportation agricole. A Wall Street, le jeune Torrijos est considéré comme un homme d'affaires qui facilitera l'accord bilatéral de libre-échange négocié entre le Panama et les Etats-Unis. (A moins que les gènes nationalistes du père...).

Aucun des quatre candidats à l'élection présidentielle de dimanche ne se réclamait de la gauche. L'image de modernité, l'appui des femmes et des jeunes et le patronyme de Martin Torrijos ont assuré sa victoire, d'autant plus significative que la participation électorale fut de 77%. Torrijos-fils briguait la présidence au nom de la coalition électorale Patria Nueva (Patrie nouvelle), regroupant le PRD et les démocrates-chrétiens du Parti populaire (PP), autrefois ennemis acharnés de Torrijos-père.

La lutte contre la corruption, la criminalité, le chômage et la pauvreté, qui frappe au moins 40% des trois millions de Panaméens, a occupé une place importante dans la campagne électorale des candidats. Sur ces questions, les promesses sont aussi constantes que peu respectées dans chaque pays d'Amérique latine.

L'avenir du canal

Mais le thème qui a dominé la campagne au Panama est l'avenir du canal interocéanique. Le bien-être promis au pays en dépend. Quatorze mille navires empruntent annuellement cette voie d'eau de 80 km construite au début du 20e siècle par les Etats-Unis. (En 1903, une révolte soutenue par Washington avait détaché l'isthme panaméen de la Colombie, donnant naissance à la République du Panama. Par le canal transite 12% du commerce maritime des Etats-Unis).

Les péages versés à l'autorité du canal s'élèvent à 900 millions de dollars par an, soit 100 millions de dollars de plus que les revenus du tourisme au Panama. Présentant à certains endroits une largeur d'à peine 32 mètres, le canal commence à être la victime de la course aux énormes gabarits dans le transport maritime. Pour assurer la survie de la voie d'eau, il faudrait l'élargir.

Selon certaines études, le coût de l'élargissement pourrait atteindre huit milliards de dollars, neuf fois le montant annuel actuel des péages. Tant Martin Torrijos que son principal concurrent dans la course à la présidence, Guillermo Endara se sont montrés favorables au principe de l'élargissement. Selon Torrijos, il s'agira de "la décision la plus importante du siècle" pour le Panama. Mais le nouveau président ne pourra pas s'engager avant une évaluation définitive du coût financier et environnemental.

En outre, le projet devrait être approuvé par référendum et un comité de coordination représentant quelque 100.000 paysans se mobilise contre l'inondation de leurs terres qu'impliquerait l'élargissement du canal.

Les Panaméens élisaient aussi dimanche 78 députés nationaux, 75 maires, 619 conseillers municipaux et 20 députés du Parlement centraméricain. Le décompte plus lent de ces scrutins dégageait lundi soir une victoire de la coalition PRD-PP (Parti révolutionnaire démocratique-Parti populaire) à l'Assemblée législative. Martin Torrijos devrait donc pouvoir s'appuyer sur une majorité au moins relative de parlementaires.

La même coalition PRD-PP qui soutient le nouveau président triomphe à Panama-Capitale, où son candidat, Juan Carlos Navarro, est réélu maire avec 60,6% des suffrages.

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