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Manifestations antigouvernementales considérées comme une "tentative de déstabilisation"

Paraguay: le président Luis Gonzalez Macchi décrète l'état d'exception

Luis Gonzalez Macchi
© Presidencia de la Republica
ASUNCION, mardi 16 juillet 2002 (LatinReporters.com) -  L'état d'exception, avec suspension de garanties constitutionnelles, a été décrété lundi au Paraguay par le président Luis Gonzalez Macchi pour une durée de cinq jours à la suite de manifestations coupant des axes de circulation essentiels en plusieurs points du pays.

Le gouvernement conservateur dominé par le parti Colorado y voit une "tentative de déstabilisation" orchestrée par l'opposition libérale et par les partisans de l'ex-général putschiste Lino Oviedo, réfugié au Brésil voisin. Au moins deux manifestants ont été tués et des dizaines d'autres blessés lors d'affrontements avec la police, renforcée par l'armée.

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Paraguay:
droits de l'homme.
Rapport 2002
d'Amnesty International

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Les deux morts ont été relevés après des heurts violents à proximité de Ciudad del Este (320 km à l'est d'Asuncion) sur la route internationale qui relie le Paraguay au Brésil. Dès le pont frontalier de l'Amitié et jusqu'au km 60, cette route était jalonnée de barricades que policiers et soldats ne purent déblayer qu'au prix de véritables combats livrés à coups de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de balles réelles.

Les manifestants, en majorité des paysans opérant par petits groupes, coupèrent aussi simultanément des accès à la capitale, Asuncion, et diverses routes du pays dans au moins cinq départements. Ils réclamaient la démission du président Luis Gonzalez Macchi. Les autorités limitent à "quelques milliers" pour l'ensemble du Paraguay le nombre de personnes impliquées dans la "tentative de déstabilisation".

Le ministre de l'Intérieur, Victor Hermoza, a annoncé son intention de faire arrêter les meneurs. Dans la capitale, face au Congrès, 23 hommes et 10 femmes ont été détenus, selon un porte-parole de la police. L'état d'exception permet arrestations et perquisitions sans mandat judiciaire, ainsi que l'interdiction de manifestations publiques. Pour être maintenu plus de 48 heures, il devra être ratifié par le Congrès.

Le vice-président Julio Cesar Franco, du Parti libéral (opposition), a appelé ses partisans à participer aux "manifestations spontanées de mécontentement populaire". Il est accusé par les proches du chef de l'Etat de vouloir s'emparer de la présidence, avec l'aide de l'ex-chef de l'armée Lino Oviedo, en tentant de forcer la démission du président Luis Gonzalez Macchi.

Très affecté par la contagion de la crise économique argentine, le Paraguay, qui négocie une aide du Fonds monétaire international (FMI),  connaît depuis plusieurs mois une intense agitation sociale. Celle-ci a notamment paralysé le programme gouvernemental de privatisation d'entreprises publiques. En juin dernier, le Centre de recherche économique et financière, un organisme privé, estimait que la pauvreté frappe 63% des 5,3 millions de Paraguayens.

Gouverné par les Colorados (conservateurs et catholiques) depuis 1947, détenant ainsi un étonnant record de longévité idéologique en Amérique latine, le Paraguay vit actuellement une situation politique complexe marquée par les séquelles de la tentative de putsch du général Lino Oviedo en 1996 et par l'assassinat, le 23 mars 1999, du vice-président Luis Maria Argaña.

Ce magnicide provoqua cinq jours plus tard la démission du président Raul Cubas. C'est ainsi que Luis Gonzalez Macchi, alors président du Congrès, accéda constitutionnellement à la magistrature suprême, en principe jusqu'en août 2003. Il n'a donc pas été élu à la présidence par le suffrage populaire et cela donne des arguments à son adversaire Julio Cesar Franco, porté lui à la vice-présidence par 47,77 des voix, contre 46,93% au candidat du Parti colorado gouvernemental, lors d'un scrutin spécifique remontant au 13 août 2000.

Trois mois plus tôt, le 18 mai 2000, un groupe de militaires et de civils menés par des partisans du général Lino Oviedo avait pris momentanément le contrôle de deux unités de l'armée et d'un poste de commandement de la police. L'état d'exception, alors décrété pour un mois, fut levé 13 jours plus tard.

Les événements actuels confirment la grave instabilité institutionnelle du Paraguay.

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