Paraguay : plus de 300 morts dans l'incendie d'un centre commercial d'Asuncion
Accusés d'avoir ordonné la fermeture des portes pour éviter un pillage, les gérants du supermarché du centre commercial ont été arrêtés. Le drame a fait aussi plus de 200 blessés. Il est le plus meurtrier du Paraguay depuis 1947, lorsqu'une tentative de putsch militaire fit quelque 8.000 tués. Citant les sauveteurs et la police, la chaîne de télévision Canal 9 parlait lundi matin de 340 cadavres au moment où le ministre de l'Intérieur, Orlando Fiorotto, dressait un bilan officiel provisoire de 256 morts. Quelques heures plus tard, la police élevait ce chiffre à 296. Diverses autorités admettent néanmoins que des corps gisent encore dans les décombres, d'autant plus que l'un des niveaux de ce centre à plusieurs étages s'est effondré, écrasant probablement plusieurs victimes. Une explosion de gaz dimanche peu avant midi, dans la zone de restauration rapide servie sous diverses enseignes, est la première hypothèse retenue pour expliquer le sinistre. Le service de renseignement militaire évaluait la possibilité d'un attentat, deux véhicules semblant avoir explosé dans le parking du centre commercial. Cette éventualité est toutefois écartée par le ministre Fiorotto. Il confirme la thèse de l'accident. Parti du patio de restauration, le feu se propagea rapidement vers la zone du supermarché, où des centaines d'enfants, de femmes et d'hommes furent piégés par la fumée et les flammes. Le gérant du supermarché, Juan Pío Paiva, et l'un de ses fils, Jorge Daniel Paiva, ont été arrêtés sur ordre du procureur María Teresa Sosa. Ils sont accusés d'avoir ordonné aux gardes de sécurité de fermer les portes au début de l'incendie -dont ils n'auraient pas évalué la gravité- afin d'éviter des vols ou que les clients ne sortent sans payer. Juan Pío Paiva nie avoir donné un tel ordre. Il nie aussi avoir affirmé que l'incendie était intentionnel et qu'il pourrait être lié à l'enlèvement, l'an dernier, de l'une de ses filles par deux ex-employés du supermarché. De nombreux cadavres gisaient à proximité des six sorties du centre, ce qui renforce la thèse d'une fermeture des portes. Une infirmière arrivée rapidement après l'alerte confirme cette fermeture. D'autres témoins prétendent que des vigiles, arme au poing, obligeaient les clients à rester à l'intérieur et un pompier, pris pour un pillard, affirme avoir essuyé un tir d'indimidation à son arrivée. Selon le chef des pompiers, Hugo Onieva, "la plupart des victimes ont succombé à l'inhalation de gaz toxiques, elles ne furent brûlées qu'ensuite et ce drame aurait été évité si elles avaient pu sortir". Selon plusieurs médias paraguayens, le centre ne disposait ni d'issues de secours ni de mesures de sécurité contre le feu, pas même de bouches d'incendies pour alimenter les lances des pompiers. Des milliers de personnes accoururent vers la zone du sinistre, à la recherche de parents et d'amis ou attirés par l'émotion ou la curiosité, radios et télévisions émettant en direct des lieux du drame. De l'extérieur, certains lançaient des pierres et d'autres projectiles pour tenter de briser d'épaisses vitres afin que puissent s'échapper les clients pris au piège. Dans la crainte d'un effondrement du centre commercial -un édifice de 30m de haut, 100m de long et 50m de large- la police ne cessait d'écarter la foule. Une morgue provisoire pour identification des cadavres était installée dans une discothèque proche, le Tropi Club. Des familles enlacées et carbonisées étaient retirées des décombres. Des cadavres d'enfants gisaient à hauteur de la section jouets du supermarché. Les corps brûlés de trois enfants encore s'étreignaient à l'intérieur d'un véhicule dans le parking du centre commercial. "En ce moment de douleur et de tension, nous sommes ici pour soutenir ceux qui sont frappés" déclarait le président paraguayen Nicanor Duarte, venus sur les lieux de la tragédie en compagnie de son épouse et de plusieurs ministres. Le Chef de l'Etat a salué les offres d'aide venues notamment d'Argentine, du Brésil, du Chili et d'Espagne. Ambulances, médecins et médicaments arrivaient des provinces argentines voisines. Trois jours de deuil officiels ont été décrétés. Dans tout le pays, les drapeaux des bâtiments publics sont en berne. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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