Porto Rico: mobilisation contre les manoeuvres militaires américaines à Vieques
Canonnades, mitraillages et bombardements aériens et maritimes sur l’île de Vieques devaient débuter vendredi avec la participation du porte-avions " Enterprise " et de dix autres navires de guerre des Etats-Unis. Dans cette petite île vivent 9.400 des 3.500.000 Portoricains. Environ 600 bombes seront larguées pendant plusieurs jours. Elles ne contiennent plus de charges explosives depuis qu’en avril 1999 un accident provoqua la mort d’un civil. Mitraillages et canonnades, eux, demeurent à balles et obus réels. La marine américaine avait acheté les deux tiers de l’île de Vieques en 1940. Elle s’y entraîne donc régulièrement depuis plus de 60 ans. Le polygone de tir ne couvre que 364 hectares, soit 3% de l’île. Vieques permettant des manœuvres combinées par terre, mer et air, les Etats-Unis la considèrent comme centre d’entraînement vital. Les forces américaines du Golfe persique y sont aguerries. En février, des élus d’origine portoricaine au Congrès de Washington écrivaient au président George W. Bush pour qu’il ordonne " immédiatement et de manière permanente les manœuvres à feu réel à Vieques ". La lettre suggérait que les résidus des munitions tirées pendant plusieurs dizaines d’années provoquent dans la petite île un taux de mortalité très supérieur à la moyenne de Porto Rico. En particulier, le nombre de cancers et de diabètes serait anormalement élevé. Mardi dernier, les autorités portoricaines saisissaient le tribunal fédéral de Washington pour tenter d’arrêter définitivement les bombardements. Porto Rico invoquait les risques pour la santé des habitants de Vieques et le respect tant d’une nouvelle loi portoricaine que de la législation des Etats-Unis réglementant le bruit. Le tribunal refusait, jeudi, de paralyser les manœuvres imminentes,. Il reconnaissait toutefois l’existence d’un accord implicite de ne plus en programmer d’autres avant que le Département de la Santé des Etats-Unis conclue son étude sur la santé des 9.400 habitants de l’île. Le gouverneur de Porto Rico, Sila Calderon, reproche au secrétaire américain à la Défense, Donald Rumfeld, de ne pas respecter cet engagement pris oralement devant elle le 17 février. Référendum en novembre Un autre accord, conclu entre Bill Clinton, alors président des Etats-Unis, et le précédent gouverneur de Porto Rico, Pedro Rossello, prévoit pour novembre prochain un référendum permettant aux habitants de Vieques de s’opposer à la présence de la marine américaine, qui lèverait alors l’ancre en mai 2003. Par contre, si le référendum autorisait la marine à poursuivre ses manœuvres, et qui plus est à feu réel, le gouvernement américain demanderait au Congrès 50 millions de dollars d’aide supplémentaire pour Vieques. Le gouvernement actuel de Porto Rico tente d’introduire dans le référendum une nouvelle alternative : l’arrêt immédiat et définitif des manœuvres. Malgré les appels au calme du gouverneur, plusieurs centaines de manifestants, menés par le dirigeant indépendantiste Ruben Berrios Martinez, menaçaient d’envahir vendredi le polygone de tir de Vieques pour empêcher les manœuvres. Territoire des Etats-Unis dès 1898, Porto Rico élit son propre gouvernement depuis 1948. En 1952, cette grande île des Antilles est devenue " Etat libre associé " des Etats-Unis, jouissant d’une certaine autonomie. Le gouvernement fédéral américain y contrôle encore, notamment, la défense, les relations extérieures, le commerce et la monnaie. Les Portoricains jouissent de la nationalité américaine depuis 1917. La victoire électorale, en novembre 2000, du Parti Populaire Démocratique de Madame le gouverneur Sila Calderon, autonomiste mais non indépendantiste, a reflété le rejet de la tendance du gouverneur sortant, Pedro Rossello, de faire de Porto Rico le 51e des Etats-Unis d’Amérique.
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