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La crise économique a précipité la défaite du président social-démocrate Hipolito Mejia

République dominicaine: Leonel Fernandez redevient président

Un libéral partisan de la globalisation

Affiche électorale de Leonel Fernandez
SAINT-DOMINGUE, lundi 17 mai 2004 (LatinReporters.com) - Quatre ans après la fin de son premier mandat, (1996-2000), le libéral Leonel Fernandez  a reconquis dimanche la présidence de la République dominicaine.

Dans ce pays de 8,5 millions d'habitants voisin d'Haïti, il a remporté l'élection présidentielle dès le premier tour avec 56,5% des suffrages contre 34% à son principal adversaire, le président social-démocrate sortant Hipolito Mejia. Ce dernier doit son échec à la crise économique. Il a aussitôt reconnu sa défaite. Cette courtoisie électorale rarissime à Saint-Domingue devrait refroidir les violences partisanes, qui ont fait récemment 12 morts.

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Docteur en droit de 50 ans, professeur d'université et écrivain, éduqué partiellement aux Etats-Unis où avait émigré sa mère aux ressources modestes, Leonel Fernandez fut un jeune marxiste converti ensuite au libéralisme économique. Hipolito Mejia lui transmettra l'écharpe présidentielle le 16 août.

Président du Parti de la libération dominicaine - le PLD (centre droit) fondé en 1973 par son mentor, l'ex-président défunt Juan Bosch- Leonel Fernandez est aussi un brillant orateur maniant l'espagnol, l'anglais et le français. Chantre de la modernité, il s'est prévalu dans sa publicité électorale d'avoir, au cours de son premier mandat présidentiel, placé son pays "au centre même des processus d'intégration régionale, d'ouverture des marchés et de globalisation".

De 1996 à 2000, ses quatre années de pouvoir se caractérisèrent à la fois par des privatisations et des investissements dans les infrastructures et le tourisme. Pendant cette période, le produit intérieur brut dominicain progressa de 8%.

Meeting de Leonel Fernandez
Photo PLD
Aussi, malgré l'impopularité de certaines de ses privatisations (dont celle de l'électricité), Leonel Fernandez a-t-il fait campagne pour un nouveau mandat en se présentant comme "la meilleure option" pour la récupération économique, promettant aussi de lutter contre les inégalités sociales, la pauvreté, la corruption et les insuffisances du système d'éducation.

Mais son atout électoral essentiel fut l'échec de la gestion de son adversaire social-démocrate, le président sortant Hipolito Mejia, qui briguait un second mandat présidentiel consécutif.

Président du plus vieux parti politique du pays, le Parti révolutionnaire dominicain (PRD, membre de l'Internationale socialiste, fondé en 1936... également grâce à Juan Bosch!), Hipolito Mejia, 63 ans, laisse derrière lui une crise économique et une perte du pouvoir d'achat sans précédent depuis des décennies: peso dominicain effondré par rapport au dollar, inflation annuelle de 43%, chômage de plus de 30% parmi les jeunes et 2,2 milliards de dollars partis en fumée, aux dépens des contribuables, dans le scandale bancaire Baninter (Banco Intercontinental).

A la radio, dans la rue et sur les spots télévisés, la chanson de campagne des partisans de Leonel Fernandez, "Es pa' fuera que van" ("Ils prennent le chemin de la sortie"), ne cessait de rappeler de jour en jour et d'heure en heure, sur un rythme de merengue, le désastre économico-social de l'adversaire social-démocrate.

Les grèves donnèrent le coup de grâce à Mejia

L'effondrement du secteur touristique après les attentats islamistes du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis est un facteur externe qui limite la responsabilité d'Hipolito Mejia. Deux grèves générales, en novembre et janvier derniers, donnèrent le coup de grâce à sa popularité déclinante.

Le bilan humain de ces grèves fut d'au moins 15 morts, des dizaines de blessés et des centaines d'arrestations. Les grévistes réclamaient notamment un moratoire sur le remboursement de la dette dominicaine (7 milliards de dollars), la révision de la loi sur les hydrocarbures afin de ralentir la hausse des prix de services et de biens essentiels (transport, nourriture), l'abolition de nouveaux impôts et l'amélioration des réseaux de distribution de l'énergie électrique, soumis à d'innombrables coupures.

Dans la nuit de dimanche à lundi, après le dépouillement d'à peine 15% des bulletins de vote, Hipolito Mejia déclarait publiquement: "Je donne pour vainqueur le candidat présidentiel Leonel Fernandez. Celui qui gagne, gagne et celui qui perd, perd". Ce fair-play électoral rarissime en République dominicaine a été accueilli avec soulagement par les observateurs internationaux du scrutin, qui redoutaient des affrontements entre partisans des deux candidats. Depuis le début de la campagne électorale, ce type de violence a fait douze morts, dont six hier, pendant les heures de vote.

Leonel Fernandez dit offrir "un rameau d'olivier" à Hipolito Mejia pour saluer "l'élégance et la générosité" de son adversaire. "C'est un honneur, ajoutait-il, de reprendre en mains le destin national et, surtout, de contribuer à lutter contre la crise économique et sociale qui affecte le pays".

Au même moment, dans les rues de Saint-Domingue, des milliers de partisans du vainqueur lançaient des fusées de feux d'artifice et chantaient à tue-tête, en dansant le merengue, "Ils prennent le chemin de la sortie"...

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