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République dominicaine: la police dénonce un " soulèvement armé "

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Saint-Domingue, 24 mai 2001 (LatinReporters.com) - En dénonçant un " soulèvement armé " au Nord de l’île, la police de la République dominicaine a jeté de l’huile sur le feu social allumé dans le pays par la crise économique et les protestations de nombreux secteurs. Un an à peine après son élection, le président social-démocrate Hipolito Mejia voit sa popularité s’effondrer.

Le chef de la police, le major-général Pedro de Jesus Candelier, a estimé être confronté à un " soulèvement armé " après l’affrontement, mardi, entre les forces de l’ordre et un groupe d’hommes pourvus " d’armes de divers calibres ", lors d’une grève et de manifestations d’habitants de Navarrete qui réclamaient des infrastructures pour leur région sous-équipée.

Un autobus fut incendié. Des attaques avec coups de feu et cocktails Molotov visèrent une caserne de la police et un véhicule de transport militaire. On releva au moins sept blessés, dont un soldat et deux policiers.

La répétition par les chaînes de télévision d’images montrant des manifestants cagoulés harcelant la police a conduit les autorités à prévenir qu’elles prendront " toutes les mesures nécessaires " pour rétablir l’ordre. Certains médias ont réclamé la mobilisation de l’armée pour réprimer les manifestations. D’autres n’ont pas hésité à appeler le gouvernement à " lancer les blindés " dans la rue pour étouffer la violence à Navarrete.

A l’appel du Front ample de lutte populaire (FALPO, de gauche), les manifestants et parmi eux de nombreuses femmes réclamaient de l’eau potable, de l’électricité, des écoles et plus d’emplois. Le FALPO a annoncé l’extension de la mobilisation à diverses localités du Nord-Est dominicain, notamment Tamboril, Salcedo et Licey al Medio.

La version officielle d’un " soulèvement armé " est rejetée par le FALPO, qui croit que les encagoulés violents montrés avec insistance par la télévision participent " d’une stratégie gouvernementale pour discréditer " les revendications des habitants des quartiers déshérités.

Selon le porte-parole du FALPO, Fidel Ernesto Santana, le gouvernement aurait formé " une bande parapolicière " composée de membres du Parti révolutionnaire dominicain (le PRD social-démocrate du président Mejia) pour terroriser la population " afin qu’elle ne proteste pas contre la politique économique ".

Fidel Ernesto Santana précise qu’à son avis ce serait cette " bande blanche " (la couleur du PRD) qui aurait tiré sur les forces de sécurité à Navarrete " pour justifier de prochains assassinats de dirigeants populaires ".

La semaine passée, la Commission nationale des droits de l’homme attribuait au gouvernement " une campagne d’extermination par un escadron de la mort " de délinquants présumés, dont au moins 400 auraient été " assassinés extrajudiciairement " au cours des deux dernières années.

Depuis le mois de janvier, le gouvernement du président Mejia opère des ajustements économiques qui se traduisent par une dévaluation du peso par rapport au dollar, une majoration généralisée des impôts et un relèvement du prix des carburants et de la majorité des services et aliments.

Les manifestations de médecins et de professeurs pour des hausses de salaires ont également été réprimées par la police. Les chefs d’entreprise ont été menacés de prison en cas de résistance prolongée à un nouvel impôt de 1,5% sur leurs ventes.

Selon les enquêtes publiées par la presse, au moins 62% des Dominicains croient que le président Mejia mène le pays " sur un mauvais chemin " et que les trois prochaines années de son mandat " seront pires ".


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