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Sommet des Amériques - Les Latino-Américains trop pauvres pour être globalophobes

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Globalisation

QUITO, 18 avril 2001 (LatinReporters.com) - L’Amérique latine compte 200 millions de pauvres, soit 40% de sa population, selon la Banque Interaméricaine de Développement. Aussi, pour les Latino-Américains, la globalisation que suppose la future Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) suscite-t-elle plus d’espoir que de crainte.

La ZLEA sera le dossier central du IIIe Sommet des Amériques, du 20 au 22 avril à Québec. Un Sommet parallèle " des peuples " y dénonce les dommages que causerait la globalisation à la protection sociale et à l’environnement du continent. Des journaux latino-américains y voient un protectionnisme de syndicalistes et d’écologistes de pays riches.

" De nombreux manifestants globalophobes sont membres de syndicats de travailleurs des Etats-Unis qui veulent éviter la délocalisation de leur usine en Amérique latine " écrit l’éditorialiste Andrés Oppenheimer dans le respecté " El Comercio " de Quito.

" Les présidents latino-américains, poursuit-il, devraient utiliser le Sommet de Québec pour convaincre le public nord-américain que le libre commerce est la meilleure manière de faire progresser les économies latino-américaines, d’augmenter les exportations des Etats-Unis et d’y réduire le flux des immigrés ".

Une proposition " globalophobe " qui irrite singulièrement l’opinion publique en Amérique latine est la taxation des transactions financières. (Néanmoins en vigueur actuellement en Argentine).

Les transferts financiers vers leur pays d’origine des Latino-Américains émigrés en Amérique du Nord ou en Europe constituent en effet l’une des plus importantes sources de revenus de la plupart des économies du continent. L’Equateur, le Salvador, le Honduras et même le Mexique seraient en banqueroute sans ces transferts.

A propos du Mexique, qui vient d’enterrer 71 ans de " dictature parfaite " du Parti Révolutionnaire Institutionnel, sa démocratisation et la croissance spectaculaire de ses exportations (304% en dix ans) sont saluées en Amérique latine comme la preuve des bienfaits du libre-échange.

La montée en puissance de Mexico vient en effet de son adhésion, en 1994, à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), signé avec le Canada et les Etats-Unis. Cet accord semble paver la voie du marché continental que devrait former la ZLEA à partir de 2005.

La Colombie, dévastée par des guérillas marxistes financées par la cocaïne, et le Panama, l’Equateur, le Pérou et le Venezuela, voisins inquiets des débordements du conflit colombien, croient, eux, que le libre accès de leurs produits au marché nord-américain créerait une prospérité indispensable à la paix dans leur région.

Mais syndicats, patrons, politiciens et éditorialistes latino-américains s’accordent à prévenir que le libre-échange n’est pas suffisant. Il faudra, disent-ils, que les Etats-Unis et le Canada jouent vraiment le jeu de la concurrence, qu’ils cessent de subsidier des secteurs de leur économie (l’agriculture notamment) et qu’ils éliminent des obstacles non tarifaires tels que certificats de conformité, normes phytosanitaires, etc.

Début avril à Buenos Aires, en marge d’une réunion préparatoire au Sommet de Québec, plusieurs milliers de travailleurs avaient manifesté contre la future ZLEA. " Cette fameuse association de libre commerce est un plan des Etats-Unis pour soumettre davantage les peuples d’Amérique latine " déclarait le syndicaliste argentin Hugo Moyano.

Mais on ne perçoit pas, en Amérique latine, une vague de fond contre la globalisation. Au Chili, par exemple, les grands syndicats ont approuvé le principe du libre-échange avec des garde-fous sociaux.

Les plus réservées à l’égard du futur marché continental sont les populations indiennes, partout mal intégrées dans l’économie, mais influentes au Mexique, au Guatemala, en Equateur et en Bolivie.

Le Sommet des Indiens des Amériques, clôturé le 31 mars à Ottawa, revendiquait " la reconnaissance explicite dans le texte portant création de la ZLEA que démocratie et droits de l’homme sont intrinsèquement liés au libre commerce ". Ce lien devrait être confirmé au Sommet de Québec.


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