Sommet des Amériques: la dollarisation au menu
De l’Alaska à la Terre de Feu, avec 800 millions de consommateurs, cette Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) sera la plus vaste de la planète. L’idée qu’une monnaie unique, le dollar, en favoriserait la stabilité et le développement ne devrait pas tarder a être débattue à l’heure où l’Union européenne va instaurer l’euro. Les nationalismes encore exacerbés en Amérique latine nécessiteront toutefois une approche très prudente et au moins aussi longue qu’en Europe avant une éventuelle dollarisation continentale. Actuellement, seul l’Equateur a abandonné totalement son ancienne monnaie nationale au profit du dollar. Le premier pays latino-américain à se dollariser fut le Panama. Dès 1904, les billets verts de l’oncle Sam y côtoyaient les balboas. En 1991, l’Argentine du président Carlos Menem et de son ministre de l’Economie Domingo Cavallo redonnait confiance aux investisseurs en instaurant l’actuelle parité un dollar = un peso, ainsi que l'usage légal des deux monnaies, qui cohabitent dans tous les secteurs de la vie économique argentine. Selon Carlos Menem, la dollarisation serait inéluctable en Amérique latine et il l’appliquerait s’il revenait au pouvoir. Mais redevenu ministre de l’Economie à l’appel de l’actuel président argentin Fernando de la Rua, Domingo Cavallo prépare un tripartisme dollar-peso-euro. En septembre 2000, l’Equateur optait pour le dollar afin de freiner la faillite de son système bancaire et sortir le pays de sa pire récession. L’ancienne monnaie nationale, le sucre, n’y a plus cours légal. Très lié à l’économie des Etats-Unis et voulant favoriser les investissements étrangers, le Salvador se dollarisait à son tour le 1er janvier dernier. Le colon devrait y disparaître progressivement. Enfin, dès le 1er mai, le Guatemala fera cohabiter le dollar et le quetzal afin, espère-t-il, de dynamiser son économie. Les avantages supposés de la dollarisation sont un accès plus aisé aux marchés internationaux des capitaux, l’encouragement aux investissements, la baisse des taux d’intérêt, la réduction de l’inflation et une meilleure sécurité juridique. Mais ces avantages ont pour contrepartie l’obligation de rigueur budgétaire et d’efficacité économique. Le pays ayant abandonné sa monnaie au profit du dollar ne peut en effet plus faire tourner la planche à billets pour combler les déficits budgétaires ni dévaluer sa monnaie pour relancer ses exportations. Cette double obligation risque de ne pouvoir être remplie par des pays peu développés. L’Equateur, par exemple, a mis sur pied de guerre sa forte minorité indienne en tentant d’augmenter la TVA pour maintenir le déficit budgétaire dans les limites admises par le Fonds monétaire international. Forte de 91% l’an dernier, l’inflation équatorienne devrait encore atteindre 30% cette année. Au Salvador, les terribles tremblements de terre des 13 janvier et 13 février derniers ont trop ébranlé l’économie pour qu’on puisse dresser un bilan de la dollarisation. Celle-ci est contestée politiquement par l’ancienne guérilla du Front Farabundo Marti de Libération Nationale (FMLN), aujourd´hui représenté au parlement.
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