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Bilan du Sommet des Amériques : démocratie contre pauvreté

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Globalisation

Déclaration
de Québec
(texte intégral)

QUÉBEC, 23 avril 2001 (LatinReporters.com) - C’est un véritable contrat de démocratie contre la pauvreté qui lie désormais les 34 chefs d’Etat ou de gouvernement signataires de la Déclaration de Québec, qui a clôturé le 3e Sommet des Amériques.

Cette déclaration confirme le lancement, en décembre 2005 au plus tard, de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) et, sous peine d’exclusion, elle impose la démocratie comme condition d’appartenance à ce futur marché continental s’étendant de l’Alaska à la Terre de Feu.

Pour l’instant, Cuba en est exclue d’office. Considéré comme non démocratique, le pays de Fidel Castro fut le seul du continent à n’avoir pas été invité au sommet de Québec.

" Le maintien et le renforcement de l’état de droit et du respect scrupuleux du système démocratique sont à la fois un objectif et un engagement commun, ainsi qu’une condition essentielle de notre présence à ce Sommet et aux Sommets futurs " stipule la Déclaration de Québec.

Et cet engagement souscrit par les plus hauts mandataires des Amériques précise que " toute altération ou interruption inconstitutionnelle de l’ordre démocratique dans un Etat de l’hémisphère constituent un obstacle insurmontable à la participation du gouvernement de cet Etat au processus du Sommet des Amériques ".

Pas seulement des élections libres

La clause démocratique de la Déclaration de Québec va donc au-delà de la seule exigence d’élections libres. A ce propos, elle charge la prochaine Assemblée générale de l’Organisation des Etats américains (OEA) de définir les diverses formes de menaces à la démocratie qui pourraient entraîner l’exclusion de la ZLEA .

Quelques jours avant le Sommet de Québec, le responsable du suivi des sommets au sein de l’OEA, Jaime Aparicio, expliquait déjà : " Il s’agit d’affronter les nouvelles menaces contre la démocratie qui se manifestent non seulement lors de coups d’Etat, mais aussi par des attentats contre l’indépendance de la justice, le contrôle des mécanismes électoraux ou la violation des droits de l’homme et les restrictions à la liberté d’expression ".

En somme, il s’agit de contrer l’ingénierie politique de leaders élus démocratiquement qui, ensuite, imposent insidieusement leur pouvoir absolu.

Le régime de l’ex-président péruvien Alberto Fujimori est considéré comme l’un des meilleurs exemples de cette dérive. Pour s’assurer de victoires électorales apparemment démocratiques et se perpétuer au pouvoir, Fujimori et son chef du Service d’Intelligence, Vladimiro Montesinos, avaient acheté ou menaçaient des parlementaires, des chefs militaires, des juges et des propriétaires de médias.

A cet égard, de nombreux observateurs n’ont pas été surpris lorsque l’ex-colonel putschiste et actuel président du Venezuela, le populiste Hugo Chavez, élu en 1998, fut le seul à faire consigner sa réserve sur la clause démocratique de la Déclaration de Québec, qu’il a néanmoins signée.

Réduire de 50% la pauvreté absolue d’ici 2015

" La démocratie et le développement économique et social sont interdépendants et s’épaulent mutuellement, étant tous deux des conditions fondamentales à la lutte contre la pauvreté et l’inégalité " reconnaissent les chefs d’Etat ou de gouvernement américains dans la Déclaration de Québec. Ils s’engagent à " réduire de 50% la proportion de personnes vivant dans la pauvreté absolue et ce d’ici l’année 2015 ".

L’Amérique latine compte actuellement 200 millions de pauvres, soit 40% de sa population. L’espoir et la conviction des signataires de la Déclaration de Québec est que le libre-échange continental, modulé pour ne pas écraser les économies les plus faibles, " encouragera la prospérité à l’échelle régionale, permettant ainsi d’élever le niveau de vie, d’améliorer les conditions de travail des peuples des Amériques et de mieux protéger l’environnement ".

Le président des Etats-Unis, George W. Bush, cite en exemple l’essor du Mexique depuis son adhésion, en 1994, à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), signé avec le Canada et les Etats-Unis. Le commissaire au Commerce de l’Union européenne, Pascal Lamy, estime que " l’ALENA est le gros étage de la fusée que les Américains veulent construire " avec la ZLEA.

La globalisation n’est pas un processus nouveau

Les 30.000 manifestants antiglobalisation qui contestaient à Québec le futur marché continental dénonçaient les dommages qu’il causerait, selon eux, à la protection sociale et à l’environnement des Amériques, en particulier dans les pays les plus pauvres.

A cette opinion exprimée ainsi par quelques dizaines de milliers de personnes s’oppose la conviction de 34 chefs d’Etat et de gouvernement, tous élus démocratiquement, qui représentent 800 millions d’Américains du nord et du sud. Cette disproportion dans la représentativité rend dérisoire, sinon partisane, l’importance octroyée aux manifestations de Québec contre la ZLEA.

Médias et manifestants antiglobalisation ont même oublié que plusieurs de ces chefs d'Etat ou de gouvernement venus au Sommet de Québec sont des militants de la gauche démocratique qui ont passé des années en prison ou en exil comme prix de leur lutte contre les dictatures militaires.

Des économistes et des sociologues soulignent que la globalisation n’est pas un processus récent. Il est né avec la révolution industrielle du 19e siècle et s’est accéléré il y a 50 ans au lendemain de la seconde guerre mondiale. Une guerre provoquée, comme la première, par l’Europe et qui a vu les Etats-Unis émerger, presque malgré eux, comme première puissance planétaire.

L’Union européenne elle-même est le fruit de la globalisation, mais nul ne croit que la condition sociale des Européens s’en trouve rabaissée, bien au contraire. Alors, pourquoi les peuples des Amériques n’auraient-ils pas droit à déposer leurs espoirs dans leur propre marché commun continental ?


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