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La Déclaration de Guadalajara confirme le "partenariat stratégique birégional"

3e sommet UE-Amérique latine: renforcer l'ONU dans un monde multipolaire

Condamnation des "mauvais traitements" en Irak, sans citer les Etats-Unis

Etoiles européennes sur l'Amérique latine, mais en froid avec l'UE et avec le Mexique, Fidel Castro n'était pas à Guadalajara - Composition LatinReporters.com
GUADALAJARA (Mexique), dimanche 30 mai 2004 (LatinReporters.com) - "Réformer et revitaliser les Nations Unies" au profit d'un "système multilatéral plus efficace pour répondre aux menaces et aux défis mondiaux" est l'objectif politique clé exprimé dans la Déclaration de Guadalajara par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne (UE), d'Amérique latine et des Caraïbes (ALC). Cette revendication d'un monde multipolaire qui défie l'hégémonie américaine et la confirmation d'un "partenariat stratégique birégional", notamment commercial, ont clôturé le 3e Sommet UE-ALC (les deux sigles recouvrent un milliard d'habitants) réuni les 28 et 29 mai dans la deuxième ville du Mexique.

Constatant qu'ils englobent "plus d'un quart des nations du monde", les représentants des 58 pays -25 de l'UE et 33 de l'ALC- participant au sommet soulignent d'emblée, dans la déclaration finale, leur respect du Droit international et de "l'ensemble des droits de l'homme: civils, politiques, économiques, sociaux et culturels".

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L'absence à Guadalajara de Fidel Castro (Cuba est en froid tant avec le Mexique qu'avec l'UE), de Nestor Kirchner (Argentine), d'Alejandro Toledo (Pérou), de Tony Blair (Royaume Uni) et de Silvio Berlusconi (Italie), tous représentés au niveau ministériel, n'a étonné que dans le cas du président argentin Kirchner (il a invoqué une grippe), son pays présidant actuellement le marché commun sud-américain Mercosur, acteur important du "partenariat stratégique" UE-ALC.

"Horreur" devant "les mauvais traitements" en Irak

Le plaidoyer de Guadalajara en faveur des droits de l'homme n'est pas anodin, car prononcé dans l'arrière-cour des Etats-Unis qu'est l'Amérique latine au moment où la crédibilité internationale de l'administration américaine est au plus bas après la révélation d'abus, voire de tortures, contre de nombreux détenus en Irak.

"Nous exprimons notre horreur devant les preuves récentes de mauvais traitements contre les prisonniers dans les prisons irakiennes. De tels abus sont contraires au droit international, y compris aux Conventions de Genève" affirment littéralement dans la Déclaration de Guadalajara les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE et de l'ALC. (Un tel paragraphe suffirait à expliquer l'absence de Tony Blair et de Silvio Berlusconi, les deux plus fidèles alliés européens de George Bush).

Au grand dam de Felipe Perez Roque, ministre cubain des Affaires étrangères, les Etats-Unis ne sont pas épinglés nommément. "Il ne faut pas condamner un pays ou un peuple, mais des coupables avec noms et prénoms" estimait, comme la majorité de ses pairs, le président socialiste du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.

La délégation cubaine n'a pas obtenu davantage une condamnation de la loi Helms-Burton, qui permet aux tribunaux américains de sanctionner des entreprises investissant dans des sociétés cubaines nationalisées par le régime de Fidel Castro.

Sur la même longueur d'onde que La Havane, le président vénézuélien Hugo Chavez a pressé les Européens de se distancier des Etats-Unis.

"Réformer et revitaliser les Nations Unies"

Aussitôt après le respect des droits de l'homme, c'est la nécessité d'un monde multipolaire que réclame la Déclaration de Guadalajara. "Nous réaffirmons, disent les signataires, qu'un système multipolaire efficace, fondé sur le droit international, soutenu par des institutions internationales fortes, et avec l'ONU en son centre, est essentiel pour atteindre la paix et la sécurité internationale, le développement durable et le progrès social."

""Nous reconnaissons, insistent-ils, la nécessité de rendre le système multilatéral plus réceptif et efficace pour répondre aux menaces et aux défis mondiaux. Dans ce sens, nous sommes engagés à réformer et à revitaliser les Nations Unies, y compris l'Assemblée générale et le Conseil de Sécurité". "Des positions communes et des actions conjointes entre les deux régions au sein des différents organes de l'ONU" devraient concourir à cet objectif.

Le président mexicain Vicente Fox a souligné que l'Amérique latine, les Caraïbes et l'UE représentent un tiers des sièges de l'ONU. Il est persuadé que les pays de ces régions ont "un rôle prépondérant à jouer dans l'établissement d'un nouvel ordre international". Vicente Fox a indiqué que son pays travaille avec l'Allemagne, la France, l'Espagne et le Chili "à la recherche d'un consensus" en vue de rétablir la paix en Irak. A ses côtés, le chancelier allemand Gerhard Schröder l'a confirmé.

Sur le plan commercial, le "partenariat stratégique birégional" a pour principal volet l'accord d'association, incluant des accords de libre-échange, négocié actuellement entre l'UE et le Mercosur, marché commun sud-américain réunissant le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay. "Nous croyons que nous pouvons atteindre un résultat équilibré et ambitieux. Pour cela, nous demandons à nos négociateurs d'intensifier leur travail pour que ce résultat puisse être atteint à la date proposée d'octobre 2004" affirme la Déclaration de Guadalajara.

Avant donc la fin de l'année, l'UE, qui a déjà un accord d'association avec le Mexique et un autre avec le Chili, pourrait être le pivot d'une zone quasi bicontinentale de libre-échange (certes progressif et avec des garde-fous). Si cela devenait réalité avant la ZLEA (Zone de libre-échange des Amériques), que Washington voudrait lancer dès 2005 de l'Alaska à la Terre de Feu, l'influence planétaire de l'Union européenne ferait un pas de géant.

Le Brésil dénonce les contradictions de la France

A la veille d'élections européennes incertaines, le président français Jacques Chirac a toutefois mis un bémol à cette ouverture commerciale redoutée par les agriculteurs de l'Hexagone. "En l'état actuel des choses, a-t-il dit à Guadalajara, la réponse du Mercosur n'est pas à la hauteur des propositions faites par la Commission (européenne)" et si l'accord est "souhaitable", il devra être "équilibré".

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a alors relevé la contradiction entre le discours de la France sur la construction d'un monde multipolaire et sa tiédeur dans le volet commercial du partenariat birégional. La "multipolarité" est pourtant un concept autant économique que géopolitique a tenu à préciser le ministre brésilien des affaires étrangères, Celso Amorim.

Ce n'est plus seulement la France, mais l'UE dans son ensemble qui se montre prudente dans l'ouverture commerciale avec l'Amérique centrale et la Communauté Andine (CAN: Venezuela, Colombie, Equateur, Pérou et Bolivie ). La Déclaration de Guadalajara indique qu'une association de ces deux régions avec l'UE dépendra "des résultats de l'agenda de Doha pour le développement" et de "la réalisation d'un niveau suffisant d'intégration économique régionale".

Les pays centre-américains et andins sont donc à nouveau invités, comme lors du 2e Sommet UE-ALC (en mai 2002 à Madrid), à s'organiser et à s'intégrer d'abord entre eux. Cela les encourage à négocier, comme plusieurs le font déjà, des accords de libre-échange avec les Etats-Unis.

Quant aux Accords de partenariat économique (APE) entre les pays des Caraïbes et l'UE, ils vont être négociés dans le cadre de l'Accord de Cotonou.

Le 4e Sommet UE-ALC se réunira en Autriche, à Vienne, les 12 et 13 mai 2006.

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