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Proposition espagnole assumée par le 14e Sommet ibéroaméricain

L'Amérique latine pour "l'alliance de civilisations" arabo-occidentale

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SAN JOSÉ, dimanche 21 novembre 2004 (LatinReporters.com) - La proposition d'une "alliance de civilisations", sous l'égide des Nations unies, entre le monde occidental et le monde arabe et musulman a été assumée par les 21 pays (19 d'Amérique latine, plus l'Espagne et le Portugal) représentés au 14e Sommet ibéroaméricain réuni les 19 et 20 novembre à San José, capitale du Costa Rica. Cette proposition fut lancée en septembre à la tribune des Nations unies par le président du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero.

Le thème central du sommet, "Eduquer pour progresser", n'a pas effacé les préoccupations alimentées par l'actualité internationale. Pouvant donner l'impression de prendre le contre-pied des Etats-Unis, qui ne sont pas cités, la "Déclaration de San José" souscrite par les 21 pays exprime leur conviction de la nécessité "d'un traitement multilatéral des problèmes et défis globaux" et leur "adhésion aux principes consacrés dans la Charte des Nations unies, le respect de la souveraineté et de l'égalité des Etats, le principe de non intervention, la prohibition de la menace ou de l'usage de la force dans les relations internationales...".

Convoqué au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, le sommet de San José a souffert d'absences dues notamment à la concurrence du sommet de l'APEC (Forum de coopération économique Asie-Pacifique), auquel participaient, ce week-end à Santiago du Chili, les présidents américain, George W. Bush, et chinois, Hu Jintao.

Absents à San José, les présidents Luiz Inacio Lula da Silva (Brésil), Ricardo Lagos (Chili), Alejandro Toledo (Pérou), Fidel Castro (Cuba), Hugo Chavez (Venezuela) et Fernando Sampaio (Portugal) avaient délégué des ministres. En outre, les présidents Nestor Kirchner (Argentine) et Vicente Fox (Mexique) n'assistèrent qu'à l'inauguration, mais non aux débats postérieurs.

Jamais un sommet ibéroaméricain n'avait enregistré autant de désertions de chefs d'Etat. Le roi Juan Carlos -avec José Luis Rodriguez Zapatero, il représentait l'Espagne à San José- en a tiré la leçon en appelant à préparer "dès maintenant" le succès du prochain sommet, en octobre 2005 dans la ville espagnole de Salamanque.

Cette échéance, ainsi que les débats qui entoureront la première désignation, au premier semestre 2005 au Portugal, d'un "secrétaire général ibéroaméricain" (il siègera à Madrid) permettront de mieux mesurer la santé et les perspectives de futur de cet embryon de Commonwealth luso-hispanique au travers duquel l'Espagne ambitionne d'accroître son influence internationale.

Quel que soit le futur du concept ibéroaméricain, l'Amérique latine a assumé à San José, au niveau présidentiel ou ministériel, la proposition d'alliance de civilisations chère à M. Zapatero. S'exprimant aux journalistes, le chef du gouvernement espagnol y a vu l'un des résultats essentiels du sommet.

Il a révélé qu'à la demande du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, l'Espagne désignera avant la fin de ce mois de novembre deux représentants spéciaux chargés de dresser un agenda qui permettrait de présenter à l'ONU dans des conditions favorables le projet plus détaillé d'alliance de civilisations.

Le 21 septembre dernier à New York, devant la 59e Assemblée générale des Nations unies, M. Zapatero déclarait: "Comme représentant d'un pays créé et enrichi par des cultures diverses, je veux proposer une alliance de civilisations entre le monde occidental et le monde arabe et musulman. Un mur [ndlr.: celui de Berlin] est tombé. Nous devons éviter maintenant que la haine et l'incompréhension en lèvent un autre. L'Espagne soumet au secrétaire général, dont elle appuie fermement le travail à la tête de l'organisation, la possibilité de constituer un groupe de haut niveau pour mener à bien cette initiative".

Sur proposition de la délégation argentine, le 14e Sommet ibéroaméricain "exhorte le secrétaire général des Nations unies" à créer effectivement un tel "outil de rapprochement des nations, adéquat dans sa double dimension culturelle et politique". M. Zapatero considère que cet appui précipitera la concrétisation de sa proposition, qui est désormais, dit-il, celle "de la communauté ibéroaméricaine".

Satisfaction encore du président du gouvernement espagnol à propos du communiqué spécial du sommet de San José sur le terrorisme. Les 21 pays signataires s'engagent à "combattre le terrorisme sous toutes ses formes", mais dans le "strict respect du droit international et des normes internationales de protection des droits de l'homme".

Sans même citer l'Irak, les textes officiels du sommet de San José sur le terrorisme et l'alliance de civilisations marquent donc leurs distances par rapport à l'interventionnisme militaire de Washington. Selon des diplomates, le multilatéralisme se serait enrichi dans la capitale du Costa Rica d'un pôle pacifiste latino-américain.

Difficile d'évaluer la solidité de ce pôle naissant dans un continent dominé économiquement par les Etats-Unis. En outre, l'idéalisme de M. Zapatero laisse pour l'instant entière la question de savoir comment, par qui et avec quelles lettres de créance humanistes seraient représentés dans un dialogue de civilisations des pays arabes et musulmans dont la plupart des gouvernements refusent l'ouverture démocratique à leurs propres citoyens.

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