Accueil   |  Politique   |  Economie   |  Multimédia   |  Société   |  Pays+dossiers   | Forum 
Google
 
Web LatinReporters.com
Maximum historique du "vote de la colère"

Argentine-élections: triomphe de l'opposition péroniste

Le risque d'une cessation de paiements subsiste

VOIR AUSSI:

L'Argentine
en banqueroute
va aux urnes

Page Argentine

BUENOS AIRES, 15 octobre 2001 (latinreporters.com) - Le parti justicialiste (opposition péroniste) domine à la fois le sénat et la chambre basse du Congrès après la cuisante défaite, aux élections législatives du 14 octobre, de la coalition de centre gauche (l'Alliance) du président Fernando de la Rua. Le mandat du chef de l'Etat expire en 2003. Il sera le premier président de l'histoire parlementaire de l'Argentine à ne contrôler aucune des deux chambres. Une politique d'austérité incapable de résoudre une crise économique sans précédent explique ce revers gouvernemental dans un pays au bord de la cessation de paiements.

Agrandir
Une image déjà jaunie:
le président argentin Fernando de la Rua
triomphant après son élection en 1999
© Presidencia de la Nacion-Argentina
Sous réserve des chiffres officiels définitifs, les péronistes obtiendraient 40 ou 41 sénateurs sur 72, consolidant ainsi leur majorité absolue au Sénat. Autrefois désignés par les parlements provinciaux, les sénateurs viennent d'être élus pour la première fois au suffrage universel direct.

A la chambre basse, qui renouvelait la moitié de ses 257 députés, l'opposition péroniste s'emparerait, avec 118 sièges (+22), de la majorité relative que détenait l'Alliance gouvernementale. Cette dernière n'aurait plus que 87 députés (-17).

Le pourcentage du vote péroniste à l'échelle nationale est de 40%, contre 23% à l'Alliance.

Les milieux financiers internationaux espèrent qu'un remaniement inévitable de l'exécutif épargnera le ministre de l'Economie, Domingo Cavallo, principal responsable de la défaite électorale. Père du plan d'austérité baptisé "déficit zéro" (les dépenses publiques ne pouvant excéder les revenus fiscaux), le ministre Cavallo conserve les faveurs du Fonds monétaire international, sans lequel l'Argentine serait en banqueroute depuis l'an dernier.

La réaction du président Fernando de la Rua à la déroute de son Alliance comportera nécessairement des décisions économiques et sociales très sensibles au moment où le risque pays argentin (qui mesure la méfiance des investisseurs) dépasse 1.800 points et est le plus élevé parmi les économies émergentes de la planète. Même le Nigeria et le Pakistan ont actuellement un risque pays inférieur à celui de l'Argentine, dont le tiers des 36 millions d'habitants vit sous le seuil de pauvreté.

Dans l'attente des nouvelles mesures de l'exécutif, la bourse de Buenos Aires demeurait lundi après-midi dans l'expectative, l'indice Merval des valeurs principales baissant néanmoins à la mi-journée de 1,7%.

Une cessation de paiements, une restructuration de la dette publique de 132 milliards de dollars, une dévaluation du peso ou une dollarisation totale de l'économie sont autant d'hypothèses qui restent en suspens. L'une des rares lueurs d'optimisme réside dans l'intention attribuée à l'opposition péroniste de privilégier la concertation avec l'exécutif.

Les péronistes ont gagné les élections dans 16 des 24 districts fédéraux et l'Alliance gouvernementale dans à peine six. Dans les deux districts restants, la victoire revient à des mouvements régionaux.

Dans la province clef de Buenos Aires, qui regroupe le tiers des électeurs du pays, le péroniste Eduardo Duhalde a récolté 43% des suffrages, contre à peine 15% au candidat de l'Alliance, l'ex-président Raul Alfonsin. Ce dernier est même devancé par les 22% du vote blanc ou nul, qualifié par les médias de "vote de la colère" (voto bronca).

Ce "vote de la colère" a atteint le 14 octobre un maximum historique en Argentine. Dans la ville même de Buenos Aires, il fut de 23,3% et surpassa même le pourcentage du vainqueur local, l'Alliance gouvernementale (21,4%). Celle-ci obtient dans la capitale une modeste consolation, grâce sans doute à la campagne de son candidat, Rodolfo Terragno, ... contre la politique économique du ministre Cavallo!    

Le vote blanc ou nul est de 21% à l'échelle nationale. Si l'on tient compte, en outre, d'une abstention de 23%, alors qu'en Argentine le vote est obligatoire, on découvre qu'à peine 60% des 25 millions d'électeurs convoqués aux urnes ont exprimé un vote valable.

Ces chiffres témoignent du mépris des Argentins à l'égard de leur classe politique, jugée responsable du marasme. Des électeurs ont même voté pour l'islamiste saoudien Oussama ben Laden, inscrivant son nom sur le bulletin de vote et ajoutant parfois sa photo.


  Accueil   |  Politique   |  Economie   |  Multimédia   |  Société   |  Pays+dossiers  
 

© LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne
Nos textes peuvent être reproduits s'ils sont clairement attribués à LatinReporters.com avec lien actif vers notre site (ou mention de notre adresse http://www.latinreporters.com si reproduction sur support autre qu'Internet).