LA PAZ, mercredi 6 octobre 2010 (LatinReporters.com) - Pour son coup de genou
délibéré aux testicules d'un
footballeur et politicien de l'équipe adverse, le 3 octobre à
La Paz lors d'un match "amical", le président bolivien Evo Morales
est qualifié de "totalitaire" et "abusif" par ses opposants. La vidéo
de cette agression surprenante a fait le tour du monde.
"Abus de pouvoir et d'autorité" estime Norma Pierola, députée
de l'opposition. "Episode triste, car il démontre l'esprit totalitaire du président"
renchérit un autre opposant, le député Andres Ortega.
"Conduite antisportive typique" ajoute Omar Rocha, conseiller municipal de
La Paz. "Le président abuse de son pouvoir dans le sport et en politique"
titre le journal El Diario, résumant le sentiment de plusieurs de
ses confrères.
Fanatique de football, Evo Morales portait dimanche
le numéro 10, celui des légendaires Pelé et Maradona, sur le maillot
vert de l'équipe de la présidence. Elle affrontait celle de
la mairie de La Paz, détenue depuis les élections municipales
du 4 avril dernier par les opposants du Mouvement sans peur, ex-alliés
désabusés du Mouvement vers le socialisme du chef de l'Etat.
Tôt dans la partie, Evo Morales reçut un tacle appuyé
d'un défenseur et fonctionnaire de la mairie, Daniel Gustavo Cartagena
(maillot jaune numéro 2). Quelques instants plus tard, profitant d'un
arrêt de jeu, le président bolivien prit
par traîtrise une revanche violente, assénant un coup de genou
dans l'entrejambe du malheureux Cartagena, qui s'écroula tordu de
douleur. A peine relevé, il était ... expulsé par l'arbitre!
Le match se termina sur le score de 4-4. Evo Morales marqua le dernier but
de l'équipe de la présidence. Le quotidien bolivien La Razon
souligne que l'arbitre n'adressa aucune admonestation au chef de l'Etat et
qu'une agression comme la sienne dans une rencontre officielle serait pénalisée
d'une suspension d'un à trois ans.
Le médecin de la Présidence a annoncé qu'Evo Morales
devrait observer, suite au tacle subi, un "repos de trois à quatre
jours" et suivre un traitement à base d'anti-inflammatoires et d'analgésiques.
Cité par la Razon, le défenseur Cartagena assure n'avoir eu
"aucune intention d'agresser le président". A la fin du match, un
policier tenta de l'arrêter, ce qu'empêcha le maire de La Paz,
Luis Revilla. Un porte-parole de la présidence a jugé utile
de préciser qu'aucun mandat d'arrêt n'a été lancé
contre le fonctionnaire et politicien footballeur. Des journalistes prétendent
néanmoins qu'il redoute des représailles. Selon la mairie,
c'est "pour éviter la pression des médias" qu'il a été
autorisé à s'absenter plusieurs jours. |