Sida: le Brésil gagne son bras de fer contre le laboratoire Roche
RIO DE JANEIRO, 1er septembre 2001 (latinreporters.com) - En obtenant une baisse de 40% du prix du médicament antisida Nelfinavir, le Brésil a gagné son bras de fer contre l'un des plus grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux, le groupe multinational suisse Roche. Annonçant l'accord avec Roche vendredi à Rio de Janeiro, le ministre brésilien de la Santé, José Serra, a estimé qu'il s'agissait d'une victoire des pays en développement. Le 22 août dernier, le ministre Serra invoquait l'urgence humanitaire pour annoncer qu'il ne respecterait plus le brevet du Nelfinavir, principe actif du remède antisida Viracept commercialisé par Roche. Face au refus du laboratoire multinational suisse de baisser de 40% le prix du Nelfinavir, le ministre menaçait d'en fabriquer une copie générique au Brésil dès février 2002. Roche a donc cédé à cette menace. Administré au Brésil à des milliers de malades bénéficiant d'un accès gratuit aux médicaments, le Nelfinavir absorbe plus du quart des 330 millions de dollars dépensés annuellement contre le sida par le ministère brésilien de la Santé. Le ministre Serra estime à 35,4 millions de dollars les économies annuelles qui découleront de l'accord négocié avec Roche. Pays d'Amérique latine le plus touché par le sida, avec près de 600.000 porteurs du virus, le Brésil considère que le droit à la santé des populations défavorisées est plus important que la propriété intellectuelle et les intérêts des multinationales pharmaceutiques. Cet argument, applaudi notamment par la Commission des droits de l'homme des Nations unies, avait incité les Etats-Unis à retirer, en juin dernier, leur plainte déposée devant l'Organisation mondiale du commerce contre la fabrication au Brésil de copies de médicaments antisida. La nouvelle victoire du Brésil obtenue contre Roche incite le ministre José Serra à proposer pour le futur une solution qu'il estime "idéale": la réunion au sein d'une même société de l'Etat brésilien et de laboratoires qui fabriquent les médecines contre le sida. "Pour nous, précise le ministre brésilien de la Santé, la production en société serait idéale, car elle garantirait l'approvisionnement continu en médicaments, un prix indépendant des fluctuations du dollar et l'accès à la technologie nécessaire à la fabrication".
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