Chili: le score de la droite ultra, enjeu des élections législatives
Le score de l'UDI et son influence sur la prochaine élection présidentielle seront des enjeux essentiels de législatives qui ne peuvent pas remettre en question le mandat présidentiel du socialiste Ricardo Lagos, chef de l'Etat jusqu'en 2005 à la tête d'une coalition de centre gauche.
A peine huit des dix millions de Chiliens en âge de voter (sur une population totale de 15 millions d'habitants) se sont inscrits sur les listes d'électeurs, les jeunes étant nombreux à se désintéresser de la politique. L'inscription sur les listes est volontaire, mais le vote des inscrits est obligatoire. La coalition actuellement au pouvoir, la Concertation de partis pour la démocratie (appelée couramment la Concertation), espère récolter de 47 à 50% des suffrages et conserver sa majorité parlementaire. Elle avait obtenu 50,55% des voix et une majorité absolue de 70 députés aux législatives de 1997. Selon les sondages, cette majorité absolue pourrait se maintenir, mais elle se tasserait autour de 65 députés à cause de l'usure due à onze années consécutives de pouvoir et des difficultés économiques liées à la récession mondiale. Depuis la fin de la dictature, en 1990, la Démocratie chrétienne est la force principale de la Concertation, qui comprend aussi les socialistes du président Ricardo Lagos, des sociaux-démocrates et des radicaux. Patricio Alwyn, ex-président de la République et président de la Démocratie chrétienne, reconnaît que son parti pourrait reculer de 38 à 30 députés et de 22 à 20% des votes nationaux. Patricio Alwyn admet en outre que les ultras de l'UDI risquent d'émerger, dimanche soir, comme la principale force politique du Chili. "Cela ne me plaît pas, dit-il, mais je crois que c'est une possibilité dont il faut tenir compte". A droite, la coalition Alliance pour le Chili, confortée par les sondages, est persuadée qu'elle séduira de 42 à 45% des électeurs (contre 36,24% en 1997), décrochant ainsi 55 députés au lieu des 49 actuels. La droite admet donc que sa coalition, malgré ses progrès, ne gagnera pas les élections législatives. Toutefois, les ultras de l'UDI espèrent dominer cette coalition en obtenant à eux seuls de 23 à 25% des suffrages nationaux, ravissant à la Démocratie chrétienne son statut de premier parti du Chili. "L'UDI va progresser aux dépens de la Concertation et principalement de la Démocratie chrétienne" estime le sénateur Jovino Novoa, chef de la campagne électorale de l'UDI. L'UDI mise sur la popularité de sa "locomotive", Joaquin Lavin, maire de Santiago. Ce dernier obtint 47,51% des suffrages lors du premier tour de l'élection présidentielle de 1999, obligeant le socialiste Ricardo Lagos à ne vaincre qu'au second tour avec un avantage limité à 187.407 voix. Sans être candidat aux législatives, Joaquin Lavin a animé la campagne de l'UDI. L'un des slogans des ultras, "Un parlement pour Lavin", confirme que le maire de la capitale sera à nouveau candidat à l'élection présidentielle de 2005 et un progrès substantiel de la droite ce dimanche faciliterait cette ambition. Même si elle est qualifiée de "droite de la droite", l'UDI n'en a pas moins ignoré le général Augusto Pinochet au cours de la campagne électorale. Pour la première fois depuis le retour à la démocratie, l'ex-dictateur, âgé de 86 ans et malade, a été le grand absent du débat politique. Ses inconditionnels le regrettent et menacent de créer prochainement un mouvement qui les représente réellement. Quant aux partis n'appartenant ni à la Concertation ni à l'Alliance pour le Chili, le système de scrutin "binominal" devrait à nouveau leur fermer les portes du Congrès national (parlement). En fonction de ce système, les élus d'une circonscription ne peuvent venir que des deux listes ayant obtenu le plus de suffrages. Communistes, humanistes, écologistes et indépendants seront les victimes du scrutin "binominal". En 1997, ils avaient obtenu ensemble 13,23% des voix. Selon les sondages, ce score global ne devrait pas dépasser 6% aujourd'hui.
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