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"Ingrid Betancourt n'était pas la candidate de la paix" selon les FARC

Déclarations de Raul Reyes, nº2 de la guérilla marxiste de Colombie

Raul Reyes
Photo FARC-EP
BOGOTA, mardi 4 mai 2004 (LatinReporters.com) - "Ingrid Betancourt n'était pas la candidate de la gauche ni celle du peuple ni celle de la paix" affirme, dans une interview à l'agence ANNCOL, Raul Reyes, porte-parole et commandant de la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie).

Ex-candidate à la présidence de la Colombie, séquestrée en pleine campagne électorale dans le sud de ce pays par les FARC, le 23 février 2002, la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt est depuis plus de deux ans prisonnière des guérilleros, qui l'utilisent pour tenter d'obtenir des concessions politiques.

La  réalité  nue

En Europe, nombre de sympathisants d'Ingrid Betancourt, dont ils réclament la libération, se déclarent aussi sympathisants de la guérilla marxiste colombienne qui la séquestre ou se disent pour le moins adversaires du président colombien Alvaro Uribe.

Ce paradoxe permet à Raul Reyes d'applaudir au nom des FARC l'ample solidarité internationale en faveur de la libération d'Ingrid Betancourt. Rarement l'atteinte fondamentale aux droits de la personne qu'est la séquestration aura été aussi rentable politiquement pour des preneurs d'otages.

Il est clair qu'Ingrid Betancourt n'est aux yeux de la guérilla qu'une monnaie d'échange pour tenter d'obtenir des avantages politiques. A cet égard, le dédain idéologique exprimé ci-contre par Raul Reyes envers la séquestrée est significatif.

Et à Bogota, même le parti écologiste Oxygène dont Ingrid Betancourt fut la candidate à la présidence de la Colombie accuse désormais les FARC d'utiliser les otages comme des boucliers humains à des fins politiques.

A 9.000 km de distance, des Européens respectables s'accrochent au romantisme révolutionnaire. Sur place, en Colombie, il n'y a que la réalité nue.

(LatinReporters.com)

Les rebelles proposent depuis longtemps au gouvernement de Bogota "l'échange humanitaire" de 21 otages politiques, dont Ingrid Betancourt, 47 officiers de l'armée et 3 Américains contre les centaines de guérilleros des FARC emprisonnés. Mais plus de mille otages civils, dont la guérilla rançonne les familles, sont écartés de la proposition d'échange.

Cette exclusion et l'exigence des FARC de ne négocier la libération d'otages qu'après la démilitarisation d'une zone de plus de 100.000 kilomètres carrés sont jugées inacceptables par le gouvernement du président Alvaro Uribe Velez, élu sur un programme de guerre tous azimuts contre la guérilla.

Raul Reyes est souvent considéré comme le nº2 des FARC. Son interview datée du 3 mai est publiée sur le site Internet de l'agence d'extrême gauche ANNCOL (Agencia de Noticias Nueva Colombia), considérée comme une agence officieuse d'information des FARC.

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Dossier Ingrid
Betancourt

Dossier Colombie

Voici la traduction littérale des éléments de l'interview de Raul Reyes relatifs à Ingrid Betancourt:


-ANNCOL: "Pourquoi avez-vous retenu Ingrid Betancourt, la candidate à la présidence?"

-RAUL REYES: "Ingrid, voyez-vous, on l'a retenue car elle était candidate présidentielle dans le système de gouvernement colombien. On ne savait pas qu'Ingrid Betancourt avait la nationalité française, on ne l'a appris qu'après l'avoir retenue. Mais auparavant, elle n'était pas plus qu'une candidate présidentielle du même système, avec quelques nuances, quelques différences, surtout pour faire de la politique, pour faire concurrence à l'époque à Uribe Velez [ndlr.: l'actuel président colombien], à Horacio Serpa [candidat du Parti libéral], à Lucho Garzon [candidat de la gauche non violente, actuellement maire de Bogota].

"Ingrid n'était nullement candidate de la gauche ni une candidate luttant pour une Colombie distincte de celle d'aujourd'hui, non, elle était une candidate aussi dans son droit, il faut le reconnaître, de parvenir à la présidence de la République, avec un désir d'arriver à cette présidence.

"Mais elle n'était pas la candidate du peuple ni la candidate de la majorité ni la candidate opposée au modèle libéral ni la candidate de la paix. Il y a des gens qui pensent qu'elle était la candidate de la paix, ce n'est pas vrai.

"Mais il se fait qu'après sa capture, des mobilisations importantes ont surgi pour sensibiliser le gouvernement à l'obtention d'un accord et ces mobilisations pour obtenir l'échange humanitaire sont salutaires, elles nous semblent très bonnes, car cela peut contribuer à un accord qui permette la libération de toutes les personnes échangeables et la libération de tous les guérilleros et guérilleras qui sont dans les prisons colombiennes contre leur volonté."

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