Colombie-Ultimatum à la guérilla: 48 h pour quitter "la zone de détente"La mobilisation internationale contre le terrorisme a précipité la rupture
Le président leur a adressé un ultimatum de 48 heures pour quitter une zone démilitarisée surnommée parfois "l'Afghanistan colombien", que l'armée devra peut-être reconquérir. La mobilisation internationale contre le terrorisme a précipité cette rupture. Cette zone dite de "détente" que les FARC sont sommées d'évacuer est appelée aussi "laboratoire de paix". Elle s'étend au sud de la Colombie sur 42.000 km2, la superficie de la Suisse. Le président Pastrana l'avait cédée fin 1998 à la guérilla pour y nouer, dès l'année suivante, les négociations de paix qui viennent d'échouer. L'intensité des combats n'avait cessé de croître au cours de ce processus de paix avorté.
Dans ce nouveau contexte international, le gouvernement colombien, armé par les Etats-Unis, a précipité la rupture avec la guérilla en renforçant dès octobre dernier les contrôles autour de la zone de "détente". Les survols de la zone par des avions militaires, l'interdiction de son accès aux étrangers et la vérification des marchandises qui y pénètrent et en sortent ont conduit les FARC à bloquer les pourparlers de paix, sans arriver à faire fléchir le gouvernement. Les contrôles visent notamment "à empêcher l'entrée d'armes et la sortie de cocaïne" indique le général Hector Fabio Velasco, commandant de la force aérienne. Très impopulaire aux yeux de la majorité des 40 millions de Colombiens, la zone de "détente" est devenue un Etat dans l'Etat. L'armée et les parlementaires colombiens, ainsi que les Etats-Unis estiment que les guérilleros des FARC y ont développé la culture de la coca et sa transformation en cocaïne, qu'ils y maintiennent des personnes séquestrées, qu'ils y reçoivent des terroristes étrangers experts en explosifs (Irlandais de l'IRA et Basques de l'ETA). La guérilla est aussi accusée d'y entraîner ses combattants et d'utiliser cette zone démilitarisée comme tremplin pour lancer des offensives contre diverses régions de la Colombie. Les paramilitaires d'extrême-droite, adversaires acharnés de la guérilla, qualifient la zone "d'Afghanistan colombien". C'est cette zone que l'armée devra peut-être reconquérir dans 48 heures. Des véhicules blindés ont quitté Bogota en direction du Sud. Les Colombiens retiennent leur souffle. Ils redoutent une déflagration qui embraserait davantage le pays. Le président Pastrana dit toutefois vouloir éviter "une terrible guerre sans merci". En cas de fléchissement de la guérilla, il assure que "les portes resteront ouvertes au dialogue et à la négociation".
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