La connexion FARC-IRA éloigne la paix en Colombie et en Irlande
Annoncée lundi , l'arrestation à Bogota de trois membres de l'Armée républicaine irlandaise soulève une forte émotion en Colombie. Ces trois hommes de l'IRA, que leur fiche policière internationale désigne comme experts en explosifs, sont accusés par l'armée et le ministre colombien de la Défense, Gustavo Bell, d'avoir entraîné pendant cinq semaines au maniement de bombes et de voitures piégées la puissante guérilla marxiste des FARC. Les FARC comptent 17.000 combattants, bien armés grâce à un budget annuel de près de 600 millions de dollars, alimenté par les enlèvements contre rançon, l'extorsion sous menace et, surtout, le contrôle de la production de cocaïne dans une enclave de 42.000 kilomètres carrés, grande comme la Suisse, cédée imprudemment à la guérilla en novembre 1998 par le président colombien Andres Pastrana dans l'espoir d'un retour à la paix. Les trois membres de l'IRA, Niall Connolly, James Monaghan et Martin McCauley, ont séjourné dans cette enclave dont la police et l'armée colombienne ont été retirées. Mais leur présence en Colombie avait été détectée et ils furent interceptés à l'aéroport de Bogota au moment où ils se préparaient à revenir en Europe. Le commandant en chef de l'armée colombienne, le général Jorge Enrique Mora, affirme que l'analyse en laboratoire des vêtements et des bagages des trois républicains irlandais ont montré qu'ils avaient manipulé plusieurs types de substances explosives et de la cocaïne. La découverte de la connexion entre les FARC et l'IRA inquiète d'autant plus les autorités de Bogota que les guérilleros colombiens, maîtres de 40% des campagnes et des montagnes, menacent d'étendre la guerre au coeur des villes. Et, précisément, l'IRA a l'expérience de la guérilla urbaine. Selon le général colombien Fernando Tapias, "les FARC offrent en contrepartie (à l'IRA) de grandes quantités d'argent et d'importants chargements de drogue". En Irlande du Nord, à Belfast, une source proche de l'IRA a reconnu que les trois détenus en Colombie appartiennent effectivement à l'Armée républicaine irlandaise. Le Premier ministre par intérim d'Irlande du Nord, Reg Empey, soupçonne l'IRA de développer et de tester en Colombie des armes nouvelles et il y voit "un immense défi lancé au processus de paix". D'autres personnalités protestantes favorables au maintien de l'Ulster dans le giron britannique croient que la connexion FARC-IRA démontre le peu d'intérêt de l'Armée républicaine irlandaise à démobiliser ses forces terroristes. En Colombie, le ministre de la Défense, Gustavo Bell, estime que le séjour des trois terroristes de l'IRA dans la zone dite de paix cédée il y a près de trois ans aux FARC prouve que cette zone est utilisée par les guérilleros pour préparer la guerre et non la paix.
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