Colombie: les "paras" revendiquent "la réquisition de 300 citoyens"
La revendication de la plus grande prise d’otages de l’histoire de la Colombie a été adressée à Bogota à la chaîne de télévision privée Caracol. Le texte porte la signature du " commandant HK des autodéfenses paysannes de Casanare, bloc oriental des AUC ". Les AUC disent avoir agi pour contrer " l’infiltration d’éléments de la guérilla communiste ". " Nous ne séquestrons pas, écrit le commandant HK. Nous avons réquisitionné 300 citoyens dans le département du Casanare pour vérifier des rapports des services d’intelligence des AUC sur une possible infiltration d’éléments de la guérilla communiste provenant de la zone de détente... ". Cette " zone de détente " est l’enclave démilitarisée de 42.000 km2, grande comme la Suisse, remise en novembre 1998 par le président colombien Andres Pastrana à la guérilla des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) en guise de " laboratoire de paix ". Selon le " commandant HK ", les éléments communistes qu’il dit vouloir démasquer " ont pour objectif de contrôler l’industrie des palmeraies comme point de départ pour étendre leur hégémonie sur les autres secteurs productifs ". Le communiqué de revendication annonce qu’après " vérification du curriculum vitae de chacun, les travailleurs réquisitionnés continueront leurs labeurs quotidiens, à l’exception de 26 personnes, qui doivent expliquer certains comportements et qui retourneront dans leur foyer après vérification ". Cette prise d’otages spectaculaire est perpétrée par les " paras " alors que le président colombien Andres Pastrana croit imminents les premiers résultats de ses pourparlers de paix avec la guérilla marxiste.. Adversaires acharnés de la guérilla, les 8.000 paramilitaires des AUC veulent eux aussi être reconnus comme interlocuteurs obligés du pouvoir, qui s’y refuse. En recourant à la séquestration massive, pratiquée d’ordinaire par la guérilla, les paramilitaires cherchent peut-être à forcer la main au gouvernement. Apparus peu après 1980 pour protéger les populations des attaques de mouvements de guérilla nés quinze ans plus tôt, les paramilitaires se sont réellement organisés en 1997 en formant les AUC. Leur chef, Carlos Castaño, commença à lutter contre la guérilla à l’âge de 16 ans, après l’enlèvement et l’exécution de son père par les FARC. Dans cette guerre civile colombienne qui a fait 200.000 morts depuis 1964, les paramilitaires commettent des massacres qui n’ont d’égal que ceux perpétrés par la guérilla. Ils surgissent dans les villages pour torturer et abattre ceux qu’ils soupçonnent d’aider les FARC ou l’ELN (Armée de Libération Nationale, procubaine). Comme la guérilla, les paramilitaires assurent une partie de leur financement en protégeant la culture de coca et le trafic de cocaïne. Mais les AUC reçoivent aussi des contributions volontaires de commerçants, de villageois et de propriétaires terriens exaspérés par les massacres, les extorsions et les enlèvements perpétrés par la guérilla. La presse de Bogota s’inquiète de la popularité croissante des " paras " parmi la population, lasse de l’inefficacité gouvernementale contre la guérilla. Sur la plan international, les AUC de Carlos Castaño n’ont aucun crédit. Les Etats-Unis viennent de les inscrire sur leur liste des mouvements considérés comme terroristes. Ils y ont rejoint les FARC et l’ELN. BOGOTA, 17 mai 2001 - La plus grande prise d’otages de l’histoire de la Colombie a pris fin sans faire de victimes. Enlevés mardi dans le nord-est du pays par les paramilitaires des Autodéfenses Unies de Colombie (AUC, extrême droite), plus de 200 travailleurs agricoles ont été relâchés sains et saufs jeudi par leurs ravisseurs. L’enlèvement massif visait, selon les " paras ", à contrer " l’infiltration d’éléments de la guérilla communiste " dans les palmeraies du département de Casanare. Le chef des AUC, Carlos Castaño, veut être reconnu comme interlocuteur du pouvoir et s’oppose aux concessions faites par le gouvernement colombien dans son processus de paix engagé avec les guérillas d’extrême gauche.
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