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Colombie: le petit Andres Felipe meurt sans que la guérilla lui permette de revoir son père

Bogota, mardi 18 décembre 2001 (LatinReporters.com) - Le petit Andres Felipe Perez, 12 ans, est mort mardi dans les bras de sa mère sans avoir réalisé son rêve le plus cher: revoir son père, prisonnier de la guérilla, avant d'être emporté par le cancer qui le rongeait depuis plusieurs années.

La guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) est restée insensible aux appels du garçonnet, de sa famille et de la société colombienne. Les FARC n'ont pas relâché le père d'Andres Felipe. Il ignore probablement que son fils a rendu l'âme.

Avant son dernier sommeil, Andres Felipe avait dit à sa mère: "Si papa téléphone, réveille-moi".

La Colombie est choquée. Le président Andres Pastrana et les médias dénoncent l'immense cruauté de cette guérilla qui se fait appeler "armée du peuple". A entendre les insultes des Colombiens, on a l'impression que cette armée-là vient aujourd´hui de perdre définitivement la guerre.

Financée par la culture de la coca et le trafic de cocaïne, par les enlèvements contre rançon et les extorsions sous menace, la guérilla des Farc figure sur la liste mondiale des organisations terroristes dressée par les Etats-Unis.

(Ci-dessous l'article que nous consacrions le 30 novembre dernier au drame du petit Andres Felipe).


Emotion nationale et internationale

Colombie: un enfant mourant réclame son père prisonnier de la guérilla

Sur cette page, pétition humanitaire aux FARC

Femme guérillero des FARC. Sensible aux oiseaux. Et aux enfants?
© FARC-EP
BOGOTA, 30 novembre 2001 (latinreporters.com) - Pour Andres Felipe Perez, garçonnet colombien de 12 ans, le plus beau cadeau de Noël serait de revoir son père, un sous-officier de police prisonnier depuis 22 mois de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes). Cette Noël 2001 sera sans doute la dernière d'Andres Felipe, atteint d'un cancer en phase terminale.

L'insensibilité des chefs de la guérilla émeut la presse colombienne et internationale. A partir de cette page de latinreporters.com, une pétition humanitaire peut être envoyée aux commandants des FARC.

Andres Felipe est cancéreux de naissance. Un rein lui fut extrait lorsqu'il avait à peine six mois, mais la métastase fut irréversible. Il a perdu aussi le poumon gauche et le droit est atteint. Les médecins s'avouent vaincus. Epuisée au chevet de son fils, sa maman, Francia Edtih Ocampo, a fait venir mardi un prêtre pour donner la communion au petit.

Pétition humanitaire
à la guérilla des FARC

Vous pouvez réclamer la libération du père d'Andres Felipe Perez dans un message envoyé à cette adresse Internet des FARC.

A titre d'information, latinreporters.com a envoyé à la même adresse, en français et traduit en espagnol, le message suivant:

"Aux commandants des FARC,
Messieurs,
Libérer son père avant la mort du jeune Andres Felipe Perez rendrait aux FARC une partie de l'ancienne image romantique et parfois humaniste de la guérilla, image que votre insensibilité actuelle pourrait anéantir définitivement aux yeux de l'opinion publique internationale.
Latinreporters.com"


"A los mandos de las FARC,
Señores,
Liberar a su padre antes de la muerte del niño Andres Felipe Perez devolveria a las FARC parte de una antigua imagen romantica y a veces humanista de la guerrilla, imagen que su actual insensibilidad podria destrozar definitivamente en el seno de la opinion publica internacional.
Latinreporters.com"
"Je voudrais voir Papa avant l'opération" mumurait-il il y a deux semaines à l'hôpital de la Police nationale de Bogota, avant l'ablation de la moitié de l'unique rein qui lui reste. Voilà près de deux ans qu'Andres Felipe ne cesse de réclamer son père, Jose Norberto Perez, capturé par les FARC lors d'une attaque de la guérilla dans le département de Risaralda.

VOIR AUSSI :

Colombie : "maudit
pays imaginaire"
des enfants martyrs

Dossier Colombie

Le garçonnet a écrit au pape Jean-Paul II, lui demandant de prier pour que s'accomplisse le miracle de revoir son papa avant de mourir.

Reçus l'an dernier, un dessin sur un paquet vide de cigarettes et une lettre sont les derniers souvenirs qu'Andres Felipe conserve de son père. Cette année, les FARC n'ont pas permis l'échange de correspondance. "C'est un sans-coeur" estime en sanglotant la mère du garçonnet à propos du chef suprême des FARC, Manuel Marulanda.

Lorsqu'au début de l'année Andres Felipe apparut sur les écrans de télévision pour supplier la guérilla de libérer son père, les commandants des FARC déclarèrent vouloir faire examiner le garçonnet, afin de vérifier l'existence de son cancer, par des médecins dans la zone démilitarisée du sud de la Colombie où le gouvernement tente de négocier la paix avec les rebelles.

Andres Felipe ne pourrait supporter ce voyage, mais les FARC ont maintenu leur exigence. Ils en ont ajouté une seconde: la libération, en échange du père du garçonnet, d'un guérillero emprisonné.

"Nous avons l'impression d'assister aux funérailles de l'amour et de la solidarité humaine" disent dans un message adressé aux FARC les médecins de la Société colombienne de pédiatrie. "Messieurs des Farc, supplient-ils, permettez à cet enfant de cheminer lentement, sans amertume ni désillusion, vers sa propre fin en compagnie de son père".

Le président de la Colombie, Andres Pastrana, a invité publiquement cette semaine les FARC à faire preuve de compassion. Plusieurs enfants d'un collège de Cali, un conseiller municipal et l'éditeur du journal économique Portafolio proposent à la guérilla de prendre la place du policier prisonnier afin qu'Andres Felipe réalise le rêve de revoir son père.

El Tiempo, le grand quotidien de Bogota, invite ses lecteurs à envoyer des pétitions humanitaires aux FARC, tandis que radios et télévisions diffusent un flot de messages de soutien au garçonnet.

A l'étranger, une avalanche de messages similaires circulent sur le réseau Internet dans les pays d'Amérique latine, particulièrement en Argentine. El Nuevo Herald de Miami et l'influent journal madrilène El Pais réclament aussi la libération de Jose Norberto Perez.

"Un acte humanitaire n'affaiblit pas une idée politique. Alors, pourquoi s'opposer au rêve d'Andres Felipe?" demande l'une des lettres envoyées aux Farc par les journalistes colombiens.


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