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Pour "laver son image devant la communauté internationale",
selon le ministre de la Défense

La guérilla colombienne des FARC va libérer 250 prisonniers de plus

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Dossier Colombie

BOGOTA, 20 juin 2001 (LatinReporters.com) - Les rebelles des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes), principale guérilla du pays, ont annoncé lundi qu’ils libéreraient le 28 juin 250 policiers et soldats dans un " geste unilatéral " de paix. Ils ont invité la communauté mondiale à assister à cette libération, qualifiée de " show " par le ministre de la Défense.

Un accord humanitaire conclu le 2 juin dernier avec le gouvernement avait déjà débouché sur la libération de 55 soldats et militaires en échange de 11 guérilleros. A la fin du mois, les FARC auront donc libéré plus de 300 de leurs 470 prisonniers " gouvernementaux ".

Cette bonne volonté ignore toutefois les centaines de civils enlevés par la guérilla. Les rançons exigées pour la libération de ceux-ci, le trafic de cocaïne et l’extorsion déguisée en " impôt révolutionnaire " assurent les finances des 17.000 combattants des FARC.

Outre le président colombien Andres Pastrana et les chefs militaires, les FARC ont invité à la prochaine libération massive des délégués des Nations unies, de l’Union européenne et des parlements européen, latino-américain et centro-américain. Des invitations ont également été lancées aux dix " pays amis " du processus de paix : la France, la Suisse, le Canada, Cuba, l’Espagne, l’Italie, le Mexique, la Norvège, la Suède et le Venezuela.

Et pour mieux s’assurer de la résonance planétaire d’un spectacle qui les montrera soudain humains et généreux, les guérilleros tentent aussi d’attirer des représentants de pays tels que la Russie, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Iran, l’Irak, la Libye, la Belgique, l’Argentine, la Bolivie, le Paraguay, l’Uruguay et la République dominicaine.

La libération des 250 prisonniers s’effectuera au sud de la Colombie, dans le " laboratoire de paix " de 42.000 km2 (la superficie de la Suisse) offert en 1998 aux FARC par le président conservateur Pastrana, qui n’a même pas obtenu en échange un cessez-le-feu. Cet Etat dans l’Etat, dont l’armée et la police ont été retirées, est devenu depuis le premier producteur mondial de cocaïne. Les FARC le contrôlent totalement, y rendant même la " justice ".

Le Président Pastrana voit dans la prochaine libération massive " la preuve que la paix est possible ". Mais son vice-président et ministre de la Défense, Gustavo Bell, parle de " show " visant " à laver l’image de la guérilla devant la communauté internationale ". Le ministre assure que la présence des chefs militaires, qui ont été invités, " est totalement exclue ".

Le spectacle et la couverture audiovisuelle entourant la récente libération de 55 prisonniers des FARC avaient écoeuré l’armée et nombre de Colombiens. L’éditorialiste du journal libéral " El Tiempo ", le plus grand quotidien du pays, s’indignait lundi du succès médiatique " de chefs de massacres, de ravisseurs avoués, qui menacent et maintiennent contre le mur la population sans défense ".

A un an des prochaines élections présidentielles, le denier sondage indique que 82% des Colombiens désapprouvent les pourparlers de paix entre le président Pastrana et les guérillas des FARC et de l’ELN (Armée de libération nationale, pro-cubaine). La popularité du chef de l’Etat n’est plus que de 24%.

Les Colombiens savent, dans leur chair, ce que signifie le bilan de la violence dressé par Amnesty International. Pour la seule année 2000, l’organisation humanitaire a dénombré en Colombie 4.000 homicides politiques, 300 disparitions et plus de 3.000 enlèvements, dont ceux de 200 enfants, perpétrés par les FARC, l’ELN et les paramilitaires.

A titre de comparaison, la dictature du général Pinochet au Chili a laissé un bilan tragique de 3.000 morts et disparus, mais sur une période de 17 ans. En Colombie, près de 40 ans de guerre intérieure ont fait 200.000 morts, essentiellement parmi la population civile.

En sollicitant le parrainage de la communauté mondiale, les chefs des FARC cherchent-ils à se prémunir contre des poursuites judiciaires futures pour crimes contre l’humanité ? Et le président Pastrana à se doter d’un bouclier international contre un éventuel crime de haute trahison dont pourrait l’accuser son successeur à la tête de l’Etat ?


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