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Colombie - La capture du baron brésilien de la drogue lié à la guérilla aura des conséquences politiques

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Dossier Colombie

BOGOTA, 21 avril 2001 (LatinReporters.com) - Accusé d’armer la guérilla colombienne en échange de cocaïne, le baron de la drogue brésilien Luis Fernando Da Costa a été capturé par l’armée dans l’est de la Colombie. Le président colombien Andres Pastrana l’a confirmé samedi soir à Québec, où il participait au 3e Sommet des Amériques.

A Bogota, le général Jorge Enrique Mora, commandant en chef de l’armée de terre colombienne, a affirmé que la capture de Da Costa a permis la saisie de documents confirmant les liens entre le narcotrafiquant et la principale guérilla du pays, les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, marxistes).

Lors de sa conférence de presse improvisée à Québec, le président Pastrana a lui-même indiqué " qu’un, voire deux membres des FARC " et un autre Brésilien ont été arrêtés en même temps que Da Costa.

Samedi matin, dans son discours devant le Sommet des Amériques, le chef de l’Etat colombien avait déclaré que ses pourparlers de paix avec les guérilleros visaient à les réinsérer dans la société et à couper leurs liens avec le narcotrafic, " dont les ressources alimentent la violence ".

Le Président Pastrana reconnaissait ainsi pour la première fois publiquement que la drogue finance la guérilla. Jusque là, il s’était refusé à une telle accusation, malgré les preuves que le général Mora affirmait détenir dès le 4 avril.

Cette nouvelle donnée revêt une dimension politique qui pourrait compliquer le cours des pourparlers de paix. Il sera en effet difficile, aux yeux de l’opinion publique colombienne et internationale, de continuer à faire des concessions à des rebelles qui apparaissent désormais au grand jour compromis dans le narcotrafic..

Les 16.500 guérilleros des FARC jouissent depuis novembre 1998 au sud de la Colombie d’un " laboratoire de paix " de 42.000 km2, grand comme la Suisse, offert par le Président Pastrana, qui en a retiré la police et l’armée.

Les seules conséquences actuelles de ce cadeau peu banal sont le renforcement de la puissance des FARC et de la culture de la feuille de coca. Très logiquement, l’autre branche de la guérilla, l’ELN, (Armée de Libération Nationale, d’extrême gauche) réclame elle aussi son " laboratoire de paix ".

Luis Fernando Da Costa, alias " Fernandinho Beira Mar " (le petit Fernand du bord de mer, car il est originaire de Rio de Janeiro) a été capturé près de la frontière brésilienne. Un chasseur de l’armée colombienne avait contraint l’avion Cessna 206 dans lequel il voyageait à se poser dans une zone de forêts tropicales.

Da Costa, 33 ans, était l’homme le plus recherché du Brésil. On l’y accuse de meurtres et d'y contrôler 60 % du trafic de drogue. Il s’était enfui en 1997 de la prison de Betim (centre du Brésil) où il purgeait plus une condamnation à plus de 30 ans d'incarcération. De Québec également, s´échappant brièvement comme son collègue colombien du Sommet des Amériques, le président brésilien Fernando Henrique Cardoso a salué " l’excellente nouvelle " de son arrestation.

Selon l’armée colombienne, Da Costa a livré à la guérilla des FARC, par avion et parfois par parachutages, de véritables arsenaux d’armes de guerre provenant du Surinam, du Brésil et du Pérou. Le fugitif Vladimiro Montesinos, chef du Service d’Intelligence de l’ex-président péruvien Alberto Fujimori, serait impliqué dans ce trafic.

Les FARC payaient ces armes avec de la cocaïne que Da Costa distribuait aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Afrique, via le Ghana, et en Europe, via les Pays-Bas.


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