Colombie: erreur politique de la guérilla, qui viole l'immunité de l'ONU
Condamnés à Bogota et à New York, siège de l'ONU, ces enlèvements constituent une erreur politique de la guérilla. Ils ont provoqué des réactions de rejet d'autant plus fortes que les insurgés ont accusé l'ONU de partialité et annoncé le "jugement populaire" l'ex-gouverneur régional, Alan Jara, capturé le 15 juillet. Les FARC l'estiment lié aux paramilitaires d'extrême droite et, selon les rebelles, l'ONU a "mis en question sa neutralité" en permettant à Alan Jara de voyager dans un véhicule de l'organisation internationale. Pour enlever Alan Jara, les guérilleros dressèrent un barrage sur une route de la municipalité de Lejanias, à 250 km au sud de Bogota, et interceptèrent le véhicule de l'ONU, violant son immunité. Trois jours plus tard, les FARC capturaient trois coopérants allemands dans un village indien du département d'El Cauca. Ces Allemands développaient depuis 1999 quatre projets ruraux visant à substituer des zones de production de fruits et de café aux plantations illégales de coca. Selon l'organisation humanitaire internationale Human Rights Watch, 701 enlèvements, y compris d'enfants, ont été perpétrés par les FARC en 2000, essentiellement pour obtenir des rançons. La guérilla se finance aussi en s'impliquant dans la production et le trafic de cocaïne. "L'enlèvement d'Alan Jara, un civil, est une atteinte au droit humanitaire international et à l'inviolabilité d'un véhicule des Nations unies" a déclaré Jan England, conseiller particulier pour la Colombie du Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Selon Jan England, "de tels abus compromettent la mission sociale et humanitaire de l'ONU" en Colombie. Kofi Annan en personne a condamné la "violation" de l'immunité diplomatique par les FARC et réclamé la libération "immédiate" d'Alan Jara. Dans un communiqué officiel, le gouvernement colombien accuse les rebelles de mettre en danger les pourparlers de paix ouverts en 1999, mais sans cessez-le-feu, entre les FARC et l'administration du président Andres Pastrana, sous l'égide de dix pays européens et américains. Depuis près de quarante ans, le conflit intérieur colombien a fait 200.000 morts et déplacé plus de deux millions de personnes. "Les FARC, affirme le communiqué gouvernemental, ont expressément méprisé le droit humanitaire international et les normes minimales de respect de l'immunité dont jouissent les gouvernements et les organisations internationales qui accompagnent le processus de paix". Le gouvernement colombien considère que "les garanties qui doivent entourer le processus de paix sont affectées et que les FARC doivent en conséquence une explication au pays et à la communauté internationale". Des diplomates et des délégués d'organisations internationales estiment que les principaux chefs des FARC pourraient devoir répondre un jour devant un tribunal pénal international de crimes tels que enlèvements et assassinats de civils, exécutions extra-judiciaires, enrôlement d'enfants soldats, célébration de pseudo-jugements, traitement cruel et inhumain de combattants capturés, extorsion et déplacement massif et forcé de civils.
© LatinReporters.com - Amérique latine - Espagne Nos textes peuvent être reproduits s'ils sont clairement attribués à LatinReporters.com avec lien actif vers notre site (ou mention de notre adresse http://www.latinreporters.com si reproduction sur support autre qu'Internet). |