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Colombie - Les paramilitaires désormais terroristes selon Washington

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Dossier Colombie

BOGOTA, 28 avril 2001 (LatinReporters.com) - Les Autodéfenses Unies de Colombie (AUC), dont les 8.000 hommes sont appelés " paramilitaires " pour leurs liens supposés avec l’armée, vont être incluses dans la liste des organisations terroristes dressée par Washington, a annoncé samedi à Bogota l’ambassadrice des Etats-Unis, Anne Patterson.

S’adressant à des journalistes, l’ambassadrice a précisé que " nous aurons ainsi plus de pouvoir, en vertu de nos lois, pour attaquer ces groupes (les AUC), leurs sources de financement et ceux impliqués dans leurs activités ".

La décision de Washington, qui pourrait être formalisée lundi par le secrétaire d’Etat Colin Powell, aura pour effets, notamment, d’empêcher l’entrée de paramilitaires colombiens aux Etats-Unis, d’y geler leurs éventuels avoirs bancaires et d’interdire aux entreprises américaines de commercer avec eux.

Les paramilitaires des AUC rejoignent ainsi sur la même liste noire les deux mouvements de la guérilla colombienne qu’ils combattent : les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie ( FARC, marxistes), fortes de 16.500 combattants, et l’Armée de Libération Nationale (ELN, extrême gauche), qui compte 4.500 guérilleros.

Rentré d’une tournée en Europe préalable à la 3e réunion, lundi à Bruxelles, du Groupe international d’appui au processus de paix en Colombie, le président Andres Pastrana s’est aussitôt félicité de la décision américaine. " L’impunité ne va pas régner dans le monde face aux massacres et à la violation des droits de l’homme " a commenté le chef de l’Etat colombien.

Le président Pastrana se refuse à négocier avec les paramilitaires. Il le fait néanmoins avec les FARC et avec l’ELN, offrant aux deux mouvements de guérilla des concessions qui irritent l’armée. Un sondage Gallup de la mi-avril indique que 62% des Colombiens jugent décevants les résultats de cette politique de paix.

Apparus peu après 1980 pour protéger les populations des attaques de la guérilla née quinze ans plus tôt, les paramilitaires se sont réellement organisés en 1997 en formant les AUC. Leur chef, Carlos Castaño, commença à lutter contre la guérilla marxiste à l’âge de 16 ans, après l’enlèvement et l’exécution de son père par les FARC.

Dans cette guerre civile colombienne qui a fait 200.000 morts depuis 1964, les paramilitaires commettent des massacres qui n’ont d’égal que ceux perpétrés par la guérilla. Ils surgissent dans les villages pour torturer et abattre ceux qu’ils soupçonnent d’aider les FARC ou l’ELN.

Comme la guérilla, les paramilitaires assurent une partie de leur financement en s’impliquant dans la culture de la feuille de coca et le trafic de cocaïne. Mais les AUC reçoivent aussi d’importantes contributions volontaires de commerçants et de propriétaires terriens exaspérés par " l’impôt révolutionnaire " exigé par la guérilla et par les rançons à payer pour la libération d’hommes, de femmes et d’enfants enlevés par les FARC et l’ELN.

Citant des enquêteurs du gouvernement colombien, l’organisation humanitaire " Human Rights Watch " dénonçait dès 1999 l’entraînement de paramilitaires par des officiers de l’armée.

Le 12 février dernier, pour la première fois dans l’histoire de l’armée colombienne, un général, Jaime Humberto Uscategui, était condamné par un tribunal militaire, qui lui infligeait 40 mois de prison pour n’avoir pas protégé des villageois assassinés par un commando paramilitaire.

Un éditorialiste du journal libéral " El Tiempo " de Bogota lançait néanmoins le mois dernier cet avertissement : " Tandis que les paramilitaires sont répudiés hors du pays, ils jouissent en Colombie d’une sympathie et d'un appui croissants ".

" Le grand risque de cet appui social à la croissance démesurée des groupes paramilitaires, poursuivait l’éditorialiste, est que les forces armées perdent leur légitimité et que la guérilla s’en trouve justifiée ".


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