Le quartier de l'ambassade est cerné par d'importantes forces de police qui, selon la Commission cubaine des droits de l'homme, auraient procédé à "des centaines" d'arrestations. Le président cubain Fidel Castro avait pénétré brièvement dans l'ambassade jeudi matin. Les Etats-Unis invitent le Mexique, embarrassé, à trouver une solution "humanitaire". Un haut fonctionnaire du ministère mexicain des Relations extérieures a été dépêché jeudi soir à La Havane pour tenter de résoudre la crise. La diplomate mexicaine Pilar Martinez affirme que "l'ambassade a le contrôle de la situation" et que les 21 demandeurs d'asile, ainsi que tous les fonctionnaires de la représentation diplomatique sont en parfaite santé. Le gouvernement cubain traite les réfugiés "d'éléments antisociaux" et accuse Radio Marti, établie à Miami et financée par les Etats-Unis, d'être à l'origine du "grave incident".
Ces paroles furent "cyniquement manipulées" par Radio Marti, prétend le communiqué cubain, attirant "des délinquants communs qui pénétrèrent dans l'ambassade du Mexique en espérant voyager ensuite vers les Etats-Unis". Le dissident Elizardo Sanchez Santa Cruz, président de la Commission cubaine des droits de l'homme et de la réconciliation nationale, affirme que son organisation a reçu jeudi "des centaines" de plaintes de familles dénonçant l'arrestation de personnes se trouvant dans le quartier de l'ambassade du Mexique sans pouvoir prouver qu'elles y résident. A Washington, le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, a déclaré que le problème n'existerait pas si les Cubains avaient "l'opportunité d'élire leur gouvernement, de recevoir une information précise et indépendante, de participer à un marché plus ouvert, profitant ainsi des avantages d'une société libre". "Nous sommes sûrs, a poursuivi le porte-parole américain, que le gouvernement mexicain cherchera une solution tenant compte des préoccupations humanitaires et de ses obligations internationales". Le chef de la diplomatie du Mexique, Jorge Castañeda, tente néanmoins d'apaiser La Havane, accusant "des éléments radicaux de Miami", capitale des exilés cubains, d'avoir déformé le sens de ses propos pour torpiller le réchauffement des relations mexicano-cubaines illustré par la récente rencontre, à Cuba, du président mexicain Vicente Fox avec Fidel Castro. Outrés par l'attitude du ministre Castañeda et craignant qu'elle ne débouche sur la remise aux autorités cubaines des 21 demandeurs d'asile, la communauté cubaine de Miami appelle ses membres à boycotter les produits mexicains. L'incident de l'ambassade du Mexique est le plus sérieux depuis l'invasion, en 1980, de l'ambassade du Pérou à La Havane par des milliers de candidats à l'émigration. Cette crise avait débouché sur l'exode de plus de cent mille Cubains.
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