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A 75 ans, Fidel Castro est un symbole international et contradictoire

Par Christian Galloy


Fidel Castro
© NotiNet
 
LA HAVANE / QUITO, 15 août 2001 (latinreporters.com) - Pour nombre de Cubains et pour la majorité des citoyens de la partie la plus riche de la planète, Fidel Castro, chef du dernier bastion communiste en Occident, est un symbole anachronique de la dictature. Contradictoirement, dans le Tiers-Monde et toujours aussi pour des secteurs de la gauche occidentale, le président de Cuba, qui célébrait ses 75 ans le 13 août, est souvent perçu comme un symbole de la résistance à l'impérialisme supposé de la première puissance mondiale, les Etats-Unis d'Amérique.
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Critiquée ou citée en exemple, la trajectoire de Castro fut l'une des plus intenses du vingtième siècle. En 42 ans et demi de pouvoir, plus de la moitié de sa vie, le "lider maximo" et sa révolution ont marqué l'histoire de l'Amérique latine et d'une partie de l'Afrique (Angola, Guinée-Bissau, Namibie, Mozambique) et contribué à relativiser la puissance américaine aux yeux de l'Europe et du Tiers-Monde.

La guerre du Vietnam et la longévité politique de Fidel Castro, défiant l'embargo économique imposé à Cuba par les Etats-Unis depuis 1962, sont deux grandes défaites psychologiques subies par Washington au cours du siècle dernier. Depuis sa prise du pouvoir, le 1er janvier 1959, Castro a vu défiler dix présidents américains.

La fameuse "crise des missiles" de 1962, déclenchée par la présence de fusées soviétiques à Cuba, mit durant treize jours le monde au bord de l'apocalypse nucléaire. Malgré le retrait des missiles soviétiques, cet épisode consacra la dimension à la fois mondiale et polémique de Fidel Castro.

La figure de Castro, appuyée par le souvenir de son légendaire compagnon de révolution Ernesto "Che" Guevara, est depuis quarante ans très présente, provoquant le rejet ou l'adhésion, dans la totalité des pays latino-américains. La révolution castriste fut le catalyseur de fortes guérillas de gauche au Nicaragua, au Salvador, au Guatemala, au Pérou et en Colombie. Ce "péril" révolutionnaire explique en partie l'avènement de dictatures de droite qui ont dominé jusqu'au début des années 90 du siècle dernier nombre de pays d'Amérique du Sud, en particulier le Chili et l'Argentine.

Aujourd'hui, les "héritiers spirituels" de Castro restent des acteurs politiques importants au Nicaragua, au Salvador, en Colombie et au Venezuela. Dans d'autres pays où les minorités indiennes se révoltent contre leur misère (Mexique, Equateur, Bolivie), "Che" Guevara reste un symbole de libération visible sur les t-shirts de manifestants.

Au Nicaragua, les sandinistes de Daniel Ortega sont en tête des sondages pour les élections législatives et présidentielle de novembre. Au Salvador, l'ancienne guérilla du Front Farabundo Marti de Libération Nationale (FMLN) constitue aujourd'hui la principale opposition parlementaire. En Colombie, les guérillas des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie, marxistes) et de l'ELN (Armée de libération nationale, guévariste) contrôlent la moitié du territoire national.

Quant au Venezuela pétrolier du président Hugo Chavez, admirateur déclaré de Fidel Castro, il est devenu le premier partenaire commercial de Cuba, à qui il livre du pétrole à prix préférentiel en échange d'une importante assistance cubaine dans les domaines de la santé, de l'éducation et des sports.

L'exclusion de Cuba, faute de régime démocratique, de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) prévue pour 2005 incite par ailleurs Fidel Castro à surfer sur la vague mondiale de l'antiglobalisation. A ce titre, le président cubain gagne une certaine popularité au sein des nouvelles générations de la gauche latino-américaine, même si la Commission des droits de l'homme du dissident cubain Elizardo Sanchez affirme que 100.000 Cubains, dont 300 prisonniers de conscience, vivent derrière les barreaux.

Ses 75 ans, Castro les a célébrés au Venezuela, dans l'Etat du Bolivar. Un symbole par lequel il voulait s'associer au grand "libertador" sud-américain Simon Bolivar. Et pour justifier l'absence de Cuba de Fidel Castro lors d'un tel anniversaire, le président vénézuélien Hugo Chavez s'exclama, en s'adressant à son hôte: "Le peuple cubain comprend que tu n'appartiens pas seulement à Cuba, mais à toute l'Amérique latine".

Le même jour, à Washington, le porte-parole du département d'Etat, Philip Reeker, déclarait: "Maintenant que Castro a atteint l'âge adéquat à la retraite des dictateurs, nous avons l'espoir qu'il se retire bientôt". 

Le symbole castriste demeure donc aussi contradictoire qu'international.


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