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Washington reconnaît son inefficacité
L'embargo contre Cuba se remue
 

  

 
Barack Obama salue Raul Castro lors des funérailles de Nelson Mandela (Johannesburg, 10 décembre 2013)

par Pilar VALERO
 

MADRID, 26 octobre 2014 (LatinReporters.com) - Anachronique, inutile, héritage d'une Guerre froide révolue ... Ces appréciations de leaders mondiaux et des médias sont très fréquentes pour exiger la fin de l'embargo économique, financier et commercial que les États-Unis imposent à Cuba depuis plus de 50 ans.

L'administration de Barack Obama reconnaît l'inefficacité de l'embargo décrété par son pays contre l'île socialiste deux ans après le triomphe de la révolution dirigée par Fidel Castro et, bien que ces dernières années aient été adoucies certaines mesures sur les envois de fonds et les voyages, une réflexion et un débat public se sont ouverts sur la façon de normaliser les relations avec La Havane.

Les principales résistances viennent du puissant groupe de législateurs cubano-américains au Congrès des États-Unis, ainsi que des exilés cubains installés à Miami après avoir fui la révolution castriste. Ils exigent toujours des réformes démocratiques et davantage de libertés avant le retrait de l'embargo.

Mais la pression internationale s'accentue sur les États-Unis, taxés de double morale pour leur politique de non-ingérence à l'égard de pays qualifiés de non-démocratiques, mais auxquels ils sont liés par d'importants intérêts commerciaux.

L'Assemblée générale de l'ONU, qui rassemble 193 pays, votera à nouveau ce mois d'octobre une résolution condamnant l'embargo contre Cuba. Elle devrait être soutenue par une majorité écrasante, comme lors de 22 votes antérieurs. Les États-Unis et Israël sont les seuls pays soutenant encore aux Nations unies le maintien de ces mesures restrictives.

Quasi tous les dirigeants des pays d'Amérique latine ont appelé à mettre fin à l'embargo, tel, récemment, le président colombien Juan Manuel Santos, en septembre dernier lors d'un forum de chefs d'entreprise à l'Université de Harvard (États-Unis). Pour faire valoir la nécessité d'un changement, il donna en exemple sa relation pragmatique avec le gouvernement du Venezuela, dont le modèle économique et idéologique est très différent.

Selon de récents sondages, la position des Cubains de Miami a également évolué au fil de l'avènement de nouvelles générations. En témoigne, par exemple, le forum "Cuba now", dirigé par des jeunes et favorable à la flexibilisation de l'embargo.

Un embargo dont les autorités cubaines soutiennent qu'il coûta à leur pays plus de 117 milliards de dollars depuis son entrée en vigueur, en 1962 sous l'administration du président John F. Kennedy. Les relations diplomatiques entre Washington et La Havane furent rompues un an plus tôt sous le mandat de Dwight Eisenhower après l'expropriation sans compensation, dans l'île socialiste, de propriétés et d'entreprises américaines estimées, elles, à 1,3 milliard de dollars.

Les gouvernements des frères Fidel et Raul Castro ont toujours attribué à l'embargo les problèmes économiques de leur pays, aggravés dans les années 90 par la désintégration de l'Union soviétique et actuellement par la crise économique que traverse le principal partenaire de Cuba dans la région, le Venezuela.

Pour le développement de Cuba, les investissements étrangers et la croissance du nombre de visiteurs porteurs de devises sont vitaux. L'île fut en 2014 la destination de trois millions de touristes étrangers, selon les chiffres officiels.

Réconciliation lors du prochain Sommet des Amériques ?

Ces dernières années, le gouvernement cubain a lui aussi fait des gestes d'ouverture, comme la libération de prisonniers politiques, l'assouplissement des restrictions de voyages à l'étranger et la flexibilisation des conditions relatives aux investissements et à l'ouverture d'établissements privés dans l'île.

Dans ce contexte, l'administration Obama se prépare à un changement probable de sa politique envers Cuba, disent les analystes.

La décision du gouvernement cubain d'envoyer des experts médicaux en Afrique pour aider à lutter contre l'épidémie d'Ebola a été saluée publiquement par les États-Unis dans un geste inhabituel de détente.

Il est toutefois peu probable que le président Obama se positionne avant les élections législatives du 4 Novembre afin que l'opposition républicaine ne puisse pas mettre à profit ce dossier.

Le Sommet des Amériques qui réunira au Panama en avril 2015 les dirigeants de tous les pays du continent, sommet auquel Cuba sera invitée, pourrait être le décor idéal de la réconciliation.

Raul Castro et Barack Obama, qui se sont déjà salués en décembre dernier lors des funérailles du leader historique sud-africain Nelson Mandela, pourraient s'asseoir face à face et discuter dans le cadre du sommet régional américain.

Cuba a déjà suggéré à plusieurs reprises qu'elle était disposée à normaliser les relations.

Le slogan «Celui qui résiste, gagne » pourrait être celui de Cuba et celui que les États-Unis redoutent le plus.



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Assemblée générale de l'ONU, le 28 octobre 2014 à New York (UN Photo / Loey Felipe)
VOTE À L'ONU :
188 PAYS POUR LA FIN
DE L'EMBARGO
CONTRE CUBA

NEW YORK, 28 octobre 2014 (LatinReporters) - L'Assemblée générale de l'ONU a approuvé aujourd'hui, quasi unanimement et pour la 23e année consécutive, une résolution qui demande la fin de l'embargo économique, financier et commercial imposé par les États-Unis contre Cuba depuis 1962.

Le vote de l'assemblée plénière des 193 membres des Nations unies a été de 188 voix pour la résolution, 2 contre (États-Unis et Israël) et 3 abstentions (Palaos, Micronésie et Îles Marshall).

Reflétant une évolution significative de l'opinion aux États-Unis, l'influent quotidien The New York Times mène campagne pour provoquer un changement radical de la politique américaine envers Cuba.

Le journal exhorte l'administration démocrate de Barack Obama à tout faire pour lever l'embargo contre Cuba, considéré comme un échec.
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  • Rédaction
  • Christian Galloy directeur
  • Pilar Valero directora adjunta
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