Talibans à Guantanamo: le terrorisme islamiste a rapproché Washington et CubaFidel Castro constate le dégel: "Janvier 2002 est le mois des Américains"
Comme le lobby américain de l'agriculture, celui de l'énergie réclame la levée de l'embargo, arguant de l'urgence d'une diversification des sources énergétiques après les attentats du 11 septembre. Autre retombée du terrorisme islamiste, le transfert à la base américaine de Guantanamo (est de Cuba) de prisonniers talibans et d'Al-Qaida favorise aussi le dégel entre La Havane et Washington.
Les Etats-Unis "ont eu le geste de nous informer et nous avons répondu en ne posant pas d'obstacles et en coopérant dans le domaine médical, de l'assainissement du périmètre extérieur (de la base) et des facilités pour le trafic aérien" expliquait vendredi dernier Fidel Castro à 768 étudiants et professeurs américains partis à la découverte de dix pays sous l'égide de l'université de Pittsburgh. Depuis le début de l'année, personnalités politiques et scientifiques, chefs d'entreprise, intellectuels et étudiants américains se succèdent à Cuba. "Il y a des différences entre Cuba et les Etats-Unis quant à la méthode de combattre le terrorisme, mais non quant à la nécessité de mettre fin à ce fléau" ajoutait Fidel Castro lors d'un dialogue avec les étudiants américains au Palais des Congrès de La Havane. Le pouvoir cubain, qui offre en plus sa collaboration contre le narcotrafic, veut donc éviter d'apparaître comme un obstacle à la lutte internationale contre le terrorisme menée principalement par Washington. Cette attitude est d'autant plus opportune qu'elle coïncide avec l'accentuation, aux Etats-Unis, des pressions en faveur de la levée de l'embargo économique contre Cuba. Cet embargo a subi une entorse de taille en décembre dernier par l'arrivée dans l'île de 30.000 tonnes d'aliments venus de l'Illinois. Cette cargaison et d'autres qui se succéderont jusqu'en février sont justifiées par les dégâts du cyclone Michelle, qui a dévasté Cuba en novembre. Il s'agit de la première application de la nouvelle loi fédérale américaine permettant, pour raison humanitaire, la vente à Cuba d'aliments et de médicaments, sous réserve d'un paiement au comptant. "C'est l'heure de mettre fin à l'embargo et de recevoir pleinement Cuba sur le marché international" déclarait la semaine dernière le gouverneur de l'Illinois, George Ryan, devant le congrès cubano-américain de médecins radiologues réuni à Varadero (140 km à l'est de La Havane). A l'entrée de l'hôtel abritant ce congrès, la bannière étoilée américaine fut hissée pour la première fois depuis plus de 40 ans à Cuba. "Les attaques terroristes du 11 septembre (contre New York et Washington) ont accéléré l'urgence d'une politique énergétique ayant pour priorité la diversification de nos fournisseurs et de nos sources d'énergie" affirmait par ailleurs en décembre, à Washington, l'économiste Amy Myers Jaffe, présidente d'une société spécialisée dans les études sur l'approvisionnement énergétique des Etats-Unis. Selon Amy Myers Jaffe, "Cuba est un pays producteur de gaz et nous priver de relations commerciales avec lui ne sert pas les intérêts des Etats-Unis". Le gaz naturel de Cuba, ajoute-t-elle, "pourrait réduire les coûts de l'énergie en Floride". Une étude récente effectuée pour l'Université Rice du Texas par la société AMJ que préside Amy Myers Jaffe recommande la construction d'un gazoduc qui transporterait annuellement vers la Floride deux millions de tonnes de gaz naturel cubain. A Miami, les associations d'exilés cubains s'inquiètent. Le 22 janvier, elles dénonçaient "les tentatives de certains groupes des Etats-Unis de se rapprocher de Cuba". Selon Joe Garcia, de la Fondation nationale cubano-américaine, "le débat, actuellement, ne doit pas porter sur l'embargo, mais sur la lutte pour la démocratie" à Cuba. "Il est nécessaire de rappeler à l'administration de Monsieur Bush et à son propre frère, gouverneur ici de l'Etat de Floride, qu'il y a dans ce pays des élections et que nous savons comment les utiliser" menaçait devant la presse américaine Jose Basulto, directeur du célèbre mouvement d'exilés cubains "Hermanos al rescate" (Frères à la rescousse).
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