OMC : accord-cadre Nord-Sud sur le commerce mondial conclu à Genève
Si le document adopté donne satisfaction au Sud dans le domaine des échanges agricoles, il prévoit en contrepartie la libéralisation des échanges des produits industriels et des services (banques, télécommunications, etc.), ainsi que "la facilitation des échanges" (expression recouvrant notamment la rationalisation des procédures douanières) afin d'ouvrir davantage les pays du Sud aux produits des pays développés. Pourcentages et calendriers d'application restent à négocier. En outre, tant les pays développés que ceux en développement pourront désigner certains produits "sensibles" qui continueraient à être protégés par des droits de douane plus élevés que la moyenne. Le directeur général de l'OMC, le Thaïlandais Supachai Panitchpakdi, parle d'accord "historique". Il espère que la concrétisation des principes énoncés à Genève sera négociée dès à présent pour assurer la réussite de la prochaine réunion ministérielle de l'OMC, en décembre 2005 à Hong-Kong. Au nom d'un groupe de pays en développement ou émergents surnommé le G-20, le Brésil et l'Inde négocièrent à huis clos avec les Etats-Unis et l'Union européenne afin d'obtenir à Genève un accord équilibré. Surgi de manière inattendue en septembre à la réunion de Cancun, le G-20, qui inclut aussi le géant chinois, a réussi à maintenir son unité que l'on prédisait éphémère. Il se révèle efficace pour rééquilibrer le commerce mondial au profit des pays du Sud. Ces derniers affirment que leurs paysans sont ruinés par les subventions du Nord aux exportations agricoles. Cheville ouvrière du G-20, le ministre brésilien des Relations extérieures, Celso Amorim, croit que l'accord de Genève marque "le début de la fin des subventions agricoles" et qu'il est "bon pour la justice sociale". Selon le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, "les pays développés ont reconnu qu'un commerce agricole fortement subventionné n'est pas du libre-échange". "Le temps est révolu où l'OMC était dirigée par les nations les plus puissantes du monde. Les pays en développement ont réussi à créer un équilibre des pouvoirs" reconnaît le commissaire européen au Commerce, Pascal Lamy. Les négociations des prochains mois pour concrétiser le cadre général dessiné à Genève montreront si les concessions des pays du Nord sont réelles ou simplement tactiques. Pays le plus réticent à la disparition des subventions aux exportations agricoles, la France, par la voix de son ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard, estime que "les discussions qui vont préciser les termes de l'accord seront déterminantes pour parvenir à un résultat conforme aux intérêts de l'Union européenne. Il reste encore beaucoup de travail à accomplir"... Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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