Les producteurs bananiers d'Equateur attribuent la misère aux multinationales et aux pays richesEquatoriens contraints de vendre 4 fois moins cher que les producteurs espagnols des Canaries
Le vice-président de l'Association nationale des producteurs équatoriens de bananes, Simon Canarte, affirme que les portes des bananeraies sont ouvertes aux observateurs des organisations humanitaires pour qu'ils constatent les conditions réelles de travail des 6.200 familles employées dans le secteur.
L'organisation humanitaire a prié les multinationales exportatrices de bananes de faire pression sur leurs fournisseurs équatoriens pour qu'ils respectent les droits de leurs travailleurs. Parallèlement, Human Rights Watch a demandé à l'Equateur de renforcer sa législation du travail et de garantir le droit à l'éducation des enfants. Selon Simon Canarte, 70% de la production bananière de l'Equateur est assurée par des familles au sein desquelles, à cause de la pauvreté qui frappe 80% de la population, parents et enfants travaillent ensemble. En Equateur, poursuit Simon Canarte, 6.200 producteurs exploitent 148.000 hectares de bananeraies, "c'est-à-dire une moyenne de 24,3 hectares par producteur, tandis que le Costa Rica a 182 producteurs sur 52.000 hectares, soit 362 hectares par producteur". "La production bananière de l'Equateur est démocratisée" en déduit Simon Canarte, précisant que l'activité même de production n'est pas aux mains des multinationales américaines qui dominent les bananeraies d'Amérique centrale. Toutefois, le vice-président de l'Association des producteurs équatoriens ne précise pas si les familles productrices dont il parle sont propriétaires ou non des plantations. Le viol des droits des travailleurs des bananeraies équatoriennes fustigé par Human Rights Watch n'est vraisemblable que si la plupart de ces travailleurs ne sont que des ouvriers au service des propriétaires. Simon Canarte regrette que Human Rights Watch n'ait pas dénoncé l'exploitation que constituent, selon lui, les bas prix d'achat imposés aux producteurs de bananes par les multinationales qui commercialisent le fruit et par les nations développées qui consomment la production équatorienne. Le responsable de l'Association des producteurs estime que cette politique oblige des familles à faire travailler dans les plantations leurs enfants en bas âge, car ces familles n'ont pas les moyens d'engager des journaliers adultes. "Si nous recevions le même prix que celui perçu, par exemple, par le producteur espagnol des Canaries, nous doublerions les salaires et nous construirions des écoles et des centres de santé dans nos propriétés" affirme Simon Canarte. "L'exploitation est le fait des pays dits du premier monde, car ce sont eux qui paient des prix insuffisants" poursuit-il, expliquant que la caisse de bananes équatoriennes vendue 18 dollars dans les supermarchés européens ne rapporte que 3 dollars au producteur. Le producteur espagnol des îles Canaries reçoit, lui, 12 dollars pour une caisse de bananes, soit 4 fois plus que son homologue d'Equateur, ce qui, selon Simon Canarte, démontre la discrimination et l'exploitation que font subir les nations développées aux pays défavorisés. Premier exportateur mondial de bananes, l'Equateur fournit le quart des bananes consommées en Europe et aux Etats-Unis. Ces ventes constituent la troisième source de devises du pays, après les exportations de pétrole et les transferts financiers des Equatoriens émigrés.
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