Equateur: enfants durement exploités dans les bananeraies, selon HRW
Selon ce rapport, des enfants équatoriens, certains d'à peine huit ans, travaillent dans de mauvaises conditions dans ces plantations et les adultes, sous menace de licenciement, n'y jouissent même pas du droit d'association. L'Equateur est le premier exportateur mondial de bananes. Il fournit le quart de ces fruits consommés en Europe et aux Etats-Unis. Intitulée "Récolte trouble", l'étude de HRW a été menée pendant trois semaines en Equateur, notamment auprès de 45 enfants exploités dans les bananeraies.
Toutes ces sociétés se sont approvisionnées, à un moment ou un autre, auprès de plantations utilisant des enfants. Plus de 70% des enfants interrogés par HRW affirment qu'ils travaillent dans des propriétés fournissant exclusivement Dole. Contactée par HRW, cette compagnie s'est refusée à confirmer ou à nier ses relations commerciales avec de tels fournisseurs. "Les bananes équatoriennes qui sont sur votre table peuvent avoir été produites dans des conditions épouvantables" estime José Miguel Vivanco, directeur exécutif de la section Amériques de HRW. "Les compagnies bananières ont le devoir de soutenir les droits des travailleurs" poursuit-il. José Miguel Vivanco souligne que la loi internationale impose la même obligation à l'Equateur et que la protection effective des droits des travailleurs devrait être inclue dans tout accord commercial futur avec ce pays, y compris dans le cadre de la Zone de libre-échange des Amériques prévue pour 2005. Parmi les 45 enfants équatoriens de l'étude de HRW, 41 ont commencé à travailler à un âge compris entre 8 et 13 ans. Leur journée de labeur est de douze heures et demie, pour un salaire moyen de 3,5 dollars par jour, soit 60% du salaire minimum du secteur. Ces petits travailleurs, garçons et filles, manient des couteaux effilés et des machettes, portent sur le dos des charges énormes de bananes, boivent une eau dont les conditions sanitaires sont peu sûres, souffrent parfois de harcèlement sexuel et sont exposés aux pesticides. Près de 90% des enfants interrogés par l'organisation humanitaire reconnaissent qu'ils ne quittent pas les plantations lorsque des avions les fumigent. Ils se protègent alors sous les feuilles de bananiers, cachant leur visage sous leur chemise ou soutenant une caisse en carton autour de la tête. "J'en fus un jour malade. Je vomissais et j'avais la migraine après la fumigation. J'avais onze ans. Mes patrons m'ont donné deux jours pour récupérer" raconte Cristobal Alvarez, un garçonnet de 12 ans. Quant aux travailleurs adultes des bananeraies équatoriennes, à peine un pour cent d'entre eux sont affiliés à un syndicat, soit le taux de syndicalisation le plus bas parmi les pays américains exportateurs de bananes. HRW estime que les lois équatoriennes protègent insuffisamment les travailleurs. En outre, les propriétaires de bananeraies détournent ces lois en utilisant des travailleurs "temporaires-permanents" fournis par de petits entrepreneurs étrangers aux plantations et ne disposant vis-à-vis d'elles que d'un pouvoir de négociation très réduit. "La plupart des travailleurs de ces plantations ne peuvent pas s'organiser pour protester contre leurs conditions de travail. Ou ils souffrent en silence ou ils sont licenciés" résume José Miguel Vivanco. Son organisation humanitaire prie les grands exportateurs de bananes d'insister auprès de leurs fournisseurs pour que soient protégés les droits des travailleurs. Parallèlement, Human Rights Watch demande à l'Equateur de renforcer sa législation du travail et de garantir le droit à l'éducation des enfants.
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