Tourisme international: baisse record en 2003, mais l'Espagne résiste
"En 2003, le tourisme international a connu une nouvelle année exceptionnellement difficile au cours de laquelle se sont conjugués trois facteurs négatifs: le conflit en Irak, le SRAS et la faiblesse persistante de l'économie", explique le secrétaire général de l'OMT, M. Francesco Frangialli. Le conflit en Irak et le climat de forte incertitude qui l'a précédé ont partout réduit les voyages au premier trimestre. L'épidémie inattendue de SRAS a brusquement interrompu pour un temps la croissance régulière de l'Asie et du Pacifique, ce qui a eu pour effet qu'aux mois d'avril et de mai, de nombreuses destinations de la région ont enregistré moins de la moitié de leur nombre habituel d'arrivées. Bien que la situation se soit considérablement améliorée tout au long de l'année et qu'en général, au second semestre, on ait commencé à revoir des chiffres positifs, la reprise n'a pas été suffisante pour donner, l'an dernier, une croissance positive dans toutes les destinations. "Le secteur du tourisme a été touché -en pareilles circonstances, quelle branche d'activité ne l'eût pas été?- mais il ne s'est pas effondré", affirme M. Frangialli. "Le ralentissement a été limité et ce fait lui-même, dans un environnement aussi hostile, confirme l'élasticité du tourisme, qu'explique fondamentalement le besoin incompressible de voyages et de loisirs qui caractérise les consommateurs de la société postindustrielle", poursuit-il. Le secrétaire général de l'OMT insiste également sur le fait que "si l'on considère les trois dernières années, de 2001 à 2003, on peut faire une observation intéressante: la comparaison du nombre actuel d'arrivées de touristes internationaux avec l'année record du millénaire (2000) fait encore ressortir pour le monde entier une progression nette de 1%, c.-à-d. de sept millions d'arrivées". Résultats régionaux EUROPE - Dans l'ensemble, cette région ne fait qu'obtenir le même chiffre qu'en 2002 (0%). L'Europe occidentale et l'Europe du Sud, méditerranéenne, subissent les effets conjugués de la faiblesse de l'économie -quelques-uns des grands marchés émetteurs européens étant en récession ou la frôlant- et de la force de l'euro. En conséquence, les arrivées de touristes internationaux en Europe occidentale reculent de 3,7 millions (3%), tandis que l'Europe du Sud achève l'année avec un résultat stagnant. L'Europe centrale et l'Europe orientale enregistrent le même succès qu'en 2002. ASIE ET PACIFIQUE - Le résultat global est étroitement lié à la chute imprévue de 12 millions d'arrivées (9%) subie par l'Asie et le Pacifique à cause de l'épidémie de SRAS. Si l'Asie du Nord-Est et l'Asie du Sud-Est, qui obtenaient naguère les meilleurs résultats, connaissent de graves rétractions respectivement de 9 et de 16%, l'Asie du Sud (+17%) revient sur le devant de la scène après deux années difficiles, grâce à la fois à l'essor de l'économie et à la politique de libéralisation du commerce. AMÉRIQUES - Les Amériques enregistrent un recul de 1%, l'Amérique du Nord étant la seule sous-région à connaître une baisse (5%) pour la troisième année consécutive, qui s'explique principalement par la faiblesse de l'activité économique et par les inquiétudes en matière de sécurité depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001. Par rapport aux chiffres négatifs des deux années précédentes, les Caraïbes (+8%) et l'Amérique du Sud (+12%) connaissent une forte reprise due à l'amélioration de la situation économique des grands pays comme l'Argentine et le Brésil, ce qui a contribué à renforcer le tourisme intrarégional. MOYEN-ORIENT et AFRIQUE - En 2003, la reprise de ces deux régions a été rapide et, en fin de compte, la situation défavorable de l'an dernier ne les a pas beaucoup touchées. En réalité, elles enregistrent les meilleurs résultats de toutes les régions, avec une progression de respectivement 10 et 5%. Ce sont surtout les voyages intrarégionaux au Moyen-Orient qui augmentent. Par ailleurs, les gouvernements des pays des deux régions se mettent à soutenir beaucoup plus la mise en valeur touristique. Perspectives pour 2004 En général, en ce qui concerne les perspectives pour 2004, l'optimisme l'emporte, en raison essentiellement des signes positifs de reprise des économies des États-Unis, du Japon et de l'Europe occidentale, ainsi que de l'atténuation des conflits géopolitiques à répercussion mondiale. Selon l'OMT, le fait est qu'il existe une importante demande accumulée de voyages qui s'exprimera forcément aussitôt que les circonstances le permettront. "Le Baromètre du tourisme mondial de l'OMT le confirme, puisqu'il en ressort que les analystes et les décideurs économiques du secteur s'attendent à une évolution favorable", assure M. Huéscar. "Si nous savons éviter d'autres accidents, si des peurs, parfois irrationnelles, ne viennent pas tout balayer, si les mesures de sécurité nécessaires que les gouvernements ont le devoir de prendre -spécialement dans le transport aérien- demeurent raisonnables et équilibrées afin de ne pas annihiler toute envie de voyager, alors, oui, nous pouvons avoir confiance dans les capacités de rebond et de progrès de notre secteur", estime M. Frangialli. Le secrétaire général de l'OMT conclut: "Cette période difficile que nous venons de vivre aura eu au moins une conséquence positive. Quand le secteur touristique va bien, son développement est considéré comme allant de soi. Quand les temps sont plus durs, alors seulement, certains prennent conscience de l'importance des enjeux que le tourisme représente sous les angles de la croissance, des recettes extérieures et des emplois." Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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