Fusion Santander-Abbey : l'Espagnol Emilio Botin, premier banquier de la zone euroPortrait et chiffres, par Christian Galloy
A condition toutefois que, d'ici décembre, les actionnaires des deux banques, la Commission européenne et les organismes régulateurs espagnol et britannique donnent leur feu vert et qu'aucune autre offre de rachat ne séduise davantage l'Abbey. Classé par Forbes comme détenteur de la quatrième fortune d'Espagne, né à Santander, port et ville industrielle du nord cantabrique, arrière-petit-fils, petit-fils et fils de banquier, Emilio Botin (diminutif d'Emilio Botin-Sanz de Sautola Garcia de los Rios...) héritait à 52 ans de la présidence de la Banque de Santander, assumée jusqu'alors par son père. C'était en 1986, année de l'entrée de l'Espagne dans la Communauté européenne. Une coïncidence qui obligeait à regarder au-delà des Pyrénées. France, Italie, Allemagne, Portugal, Pologne, pays scandinaves et aujourd'hui Royaume-Uni ... participations, fusions ou alliances du groupe Santander s'internationalisaient avec Emilio Botin. Le rachat de l'Abbey est le premier lancé par une banque continentale sur une banque anglaise. En Amérique latine, le groupe Santander opère au Chili (18,5% des dépôts), au Mexique (14,1%) et au Brésil (4,1%). Des 103.038 employés actuels du groupe, 68% travaillent hors d'Espagne. "L'Art de la guerre", écrit il y 2.500 ans pas le Chinois Sun Tzu, est l'un des livres de chevet d'Emilio Botin. En Espagne, il a brisé les pactes bancaires en rémunérant mieux les dépôts que ses concurrents.
Mais Emilio Botin était aussi considéré comme l'ami du prédécesseur de Zapatero, le conservateur José Maria Aznar, dont le Parti populaire fut, à la surprise générale, vaincu par les socialistes aux législatives du 14 mars dernier, trois jours après les attentats islamistes de Madrid contre quatre trains de banlieue (191 morts et près de 2.000 blessés). Depuis des générations, le clan Botin estime qu'il faut être raisonnablement, sans complicité excessive, aux côtés du gouvernement en place, quelle qu'en soit la couleur. Catholique, mais de sensibilité libérale, préoccupé par la culture, l'éducation et les nouvelles technologies, Emilio Botin semble se plier naturellement à cette prudence. Proche de la retraite statutaire -le groupe Santander la fixe à 72 ans- il devrait en principe passer le relais en 2006. Au profit sans doute, comme le veut la tradition familiale, de l'aîné de ses six enfants, Ana Patricia Botin. Pour l'heure, Emilio vit entre les conseils d'administration, les avions, la chasse, le golf, le tennis et les avocats. Il est cité en Espagne dans deux scandales financiers portés en justice. Pianiste, fondatrice du Concours international de piano de Santander et de l'Ecole supérieure de Musique Reina Sofia, la femme basque d'ascendance irlandaise d'Emilio Botin, Paloma O'Shea, assure les pauses musicales... Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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