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Fusion Santander-Abbey : l'Espagnol Emilio Botin, premier banquier de la zone euro

Portrait et chiffres, par Christian Galloy

Le banquier espagnol Emilio Botin était à la une de la presse madrilène au lendemain de la confirmation de son offre de rachat de la banque britannique Abbey National - Photo LatinReporters.com
MADRID, mardi 27 juillet 2004 (LatinReporters.com) - Un Espagnol banquier numéro un de la zone euro... Etonnant. Mais il s'agit d'Emilio Botin, une légende de la finance hispanique. Confirmée lundi, l'offre de rachat à l'amiable par sa banque Santander Central Hispano (SCH, première d'Espagne) de la britannique Abbey National (6e du Royaume-Uni) pourrait faire surgir la première banque de la zone euro, la 4e d'Europe et la 10e mondiale.

A condition toutefois que, d'ici décembre, les actionnaires des deux banques, la Commission européenne et les organismes régulateurs espagnol et britannique donnent leur feu vert et qu'aucune autre offre de rachat ne séduise davantage l'Abbey.

Classé par Forbes comme détenteur de la quatrième fortune d'Espagne, né à Santander, port et ville industrielle du nord cantabrique, arrière-petit-fils, petit-fils et fils de banquier, Emilio Botin (diminutif d'Emilio Botin-Sanz de Sautola Garcia de los Rios...) héritait à 52 ans de la présidence de la Banque de Santander, assumée jusqu'alors par son père. C'était en 1986, année de l'entrée de l'Espagne dans la Communauté européenne. Une coïncidence qui obligeait à regarder au-delà des Pyrénées.

France, Italie, Allemagne, Portugal, Pologne, pays scandinaves et aujourd'hui Royaume-Uni ... participations, fusions ou alliances du groupe Santander s'internationalisaient avec Emilio Botin. Le rachat de l'Abbey est le premier lancé par une banque continentale sur une banque anglaise. En Amérique latine, le groupe Santander opère au Chili (18,5% des dépôts), au Mexique (14,1%) et au Brésil (4,1%). Des 103.038 employés actuels du groupe, 68% travaillent hors d'Espagne.

"L'Art de la guerre", écrit il y 2.500 ans pas le Chinois Sun Tzu, est l'un des livres de chevet d'Emilio Botin. En Espagne, il a brisé les pactes bancaires en rémunérant mieux les dépôts que ses concurrents.
Quelques chiffres

-La Santander Central Hispano (SCH, 1ère banque d'Espagne) paiera entre 12,8 et 13,4 milliards d'euros pour le rachat de l'Abbey National, 6e banque britannique. L'offre d'actions SCH aux actionnaires de l'Abbey couvrira 96% du paiement. Une nouvelle action SCH sera remise pour chaque action d'Abbey. Si elle faisait marche arrière, Abbey devrait verser au groupe Santander un dédommagement de 81,7 millions de livres.

-La somme des actifs des deux banques est supérieure à 615 milliards d'euros. Leur capitalisation boursière conjointe actuelle, 51 milliards d'euros, ferait de la nouvelle entité -si elle se matérialisait- le premier groupe bancaire de la zone euro, le 4e d'Europe et le 10e mondial.

-Le nouveau groupe résultant du rachat compterait près de 130.000 employés et 56 millions de clients. Ses activités seraient réparties à raison de 47% dans la zone euro de l'Union européenne, 31% en Amérique latine et 21% au Royaume-Uni, pays dans lequel Abbey sert 18 millions de clients avec un réseau de 741 succursales.

Lancée en 1989, cette politique de la supercuenta (le super-compte) fut une révolution, voire un sacrilège quand on est, comme Emilio Botin, licencié de l'Université jésuite basque de Deusto, où les fils de l'élite étudiaient l'économie sous la dictature franquiste. Vaincus à ce jeu, Banesto et Central Hispano, deux ex-notables de la banque espagnole, tombèrent dans l'escarcelle du groupe Santander.

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A 70 ans -ils les célébrera le 1er octobre prochain- Emilio Botin est tout sourire à l'égard du nouveau gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero. Il justifie même le retrait militaire d'Irak ordonné par Zapatero en rappelant qu'en campagne électorale les socialistes avaient promis ce retrait si les Nations Unies ne prenaient pas les commandes à Bagdad.

Mais Emilio Botin était aussi considéré comme l'ami du prédécesseur de Zapatero, le conservateur José Maria Aznar, dont le Parti populaire fut, à la surprise générale, vaincu par les socialistes aux législatives du 14 mars dernier, trois jours après les attentats islamistes de Madrid contre quatre trains de banlieue (191 morts et près de 2.000 blessés).

Depuis des générations, le clan Botin estime qu'il faut être raisonnablement, sans complicité excessive, aux côtés du gouvernement en place, quelle qu'en soit la couleur. Catholique, mais de sensibilité libérale, préoccupé par la culture, l'éducation et les nouvelles technologies, Emilio Botin semble se plier naturellement à cette prudence.

Proche de la retraite statutaire -le groupe Santander la fixe à 72 ans- il devrait en principe passer le relais en 2006. Au profit sans doute, comme le veut la tradition familiale, de l'aîné de ses six enfants, Ana Patricia Botin.

Pour l'heure, Emilio vit entre les conseils d'administration, les avions, la chasse, le golf, le tennis et les avocats. Il est cité en Espagne dans deux scandales financiers portés en justice. Pianiste, fondatrice du Concours international de piano de Santander et de l'Ecole supérieure de Musique Reina Sofia, la femme basque d'ascendance irlandaise d'Emilio Botin, Paloma O'Shea, assure les pauses musicales...


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