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Quatre appels aux urnes redoutés par l'ultralibéralisme
Espagne - élections en Andalousie : 1er acte de la chute de Rajoy ?
 

  

 
Malaga, 17 mars 2015 – Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy (à droite), en campagne pour les élections régionales en Andalousie aux côtés de son candidat à la présidence de cette région, Juanma Moreno. (Source : ppandaluz.es)

par Christian GALLOY
 

MADRID, 19 mars 2015 (LatinReporters.com) - Que Merkel, Juncker, Draghi et Lagarde bouclent leur ceinture de sécurité. Quatrième économie de la zone euro, l'Espagne, dont le PIB vaut six fois celui de la Grèce, entame ce 22 mars en Andalousie un marathon électoral à risque.

Quatre appels successifs aux urnes pourraient en effet conduire, fin 2015, à la chute de Mariano Rajoy, symbole ibérique de l'extrême droite économique dominante en Europe à la faveur de la crise.

Extrême droite économique, car fort soucieuse des cours de bourse, de la prime de risque et de l'étanchéité de ses réseaux de corruption, mais guère de la souffrance de populations transformées en cobayes d'une austérité ultralibérale.

Cette austérité, qui permet enfin au capital de balayer l'importun bien-être social jusqu'il y a peu fleuron du modèle européen, est-elle imposée plus par idéologie que par une volonté de résoudre une crise enrichissant nombre de ceux qui l'ont provoquée ?

C'est notamment à cette question implicite que vont répondre les électeurs en Espagne. Et, selon la majorité des sondages, le renouvellement ce dimanche du Parlement régional andalou, mais aussi les municipales et les régionales multiples du 24 mai, les élections catalanes du 27 septembre et les législatives de fin d'année contribueraient chacune à l'effondrement du Parti populaire (PP, droite) de Mariano Rajoy, chef du gouvernement depuis décembre 2011.

Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, social-démocrate) plongerait aussi au niveau national. Qu'il remporte comme prévu les élections en Andalousie, sa citadelle depuis la fin de la dictature franquiste, ne retarderait pas le crépuscule du bipartisme PP-PSOE, dominant en Espagne durant les quatre dernières décennies.

Ascension de Podemos

Tous les sondages pronostiquent l'ascension de la nouvelle gauche incarnée par le parti Podemos (Nous pouvons). Né voici à peine 14 mois dans la mouvance des indignés, allié de Syriza, la gauche gouvernementale grecque, et parfumé de chavisme caraïbe, mais sans velléité autoritaire, Podemos étrennait les urnes aux européennes de mai 2014, raflant d'emblée 7,97 % des suffrages espagnols et 5 eurodéputés.

Ce dimanche en Andalousie, région la plus peuplée d'Espagne avec 8,4 millions d'habitants, cette nouvelle gauche antiaustérité et anticorruption affronte pour la première fois un scrutin régional. Les sondages la créditent en moyenne de 15 % des voix et de 16 des 109 sièges à pourvoir. Un score suffisant pour étayer, le cas échéant, la majorité seulement relative qu'obtiendraient les socialistes conduits par Susana Díaz, la présidente andalouse.

Mais pour les législatives de fin 2015, Podemos caracole depuis octobre dernier en tête de quasi la moitié des sondages, avec un plafond atteignant jusqu'à présent 31,9 % des suffrages. Là encore, des alliances ou coalitions seraient nécessaires pour gouverner alors l'Espagne.

L'Andalousie servira de laboratoire pour défricher le sens et les conséquences de ces rapprochements qu'obligera la fin du bipartisme. La planche de salut de Mariano Rajoy serait une grande coalition PP-PSOE, équivalente à celle formée en Allemagne par son alliée idéologique Angela Merkel. Le grand patronat espagnol l'appuierait.

Comme Syriza en Grèce, Podemos souhaite « la restructuration de la dette ». Son secrétaire général, Pablo Iglesias, jeune professeur de sciences politiques de 36 ans devenu député européen, demande l'application d'un article oublié de la Constitution espagnole, l'article 128. Celui-ci proclame que « Toute la richesse du pays dans ses différentes formes et quel que soit celui à qui elle appartient est subordonnée à l'intérêt général ».

Si Podemos réduit l'audience des socialistes, associés aux aussi à l'austérité et à la corruption, le parti Ciudadanos (Citoyens), d'origine catalane mais antinationaliste, mord pour sa part sur l'électorat du PP de Mariano Rajoy en se présentant désormais dans l'ensemble de l'Espagne.

Ciudadanos personnifie une nouvelle droite, sans odeur de corruption ni de sacristie. Ce parti conduit par Albert Rivera, 35 ans, entrerait lui aussi dans les transactions parlementaires résultant de la fin du bipartisme.



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