Nicaragua : les Etats-Unis craignent le retour des sandinistes
" La préoccupation de notre gouvernement se base sur l’expérience des années 80 " estime le diplomate. A l’époque, sous la présidence sandiniste de Daniel Ortega, le Nicaragua était l’allié de Cuba et de l’Union soviétique et l’hostilité dominait ses relations avec les Etats-Unis. Abandonnant toute prudence diplomatique, l’ambassadeur Oliver Garza déclare franchement qu’Ortega " ne représente pas les intérêts " nord-américains. Il ajoute ne pas croire que le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), dirigé par Daniel Ortega depuis plus de vingt ans, ait changé sa conception de la démocratie et des droits de l´homme. Le représentant des Etats-Unis critique même la " corruption " des sandinistes qui "laissa la société et l’économie en ruines ". " Des individus chargés de la réforme agraire, poursuit Oliver Garza, sont devenus eux-mêmes de grands propriétaires terriens. On a volé toutes sortes de propriétés au nom de la révolution ". Surprenantes de la part d’un ambassadeur, ces déclarations soulagent, volontairement ou non, le Parti libéral constitutionnaliste (PLC) du président nicaraguayen Arnoldo Aleman. Le chef de l’Etat est en effet la cible de diverses accusations de corruption liées à son enrichissement fulgurant et à la construction avec des fonds publics d’un héliport dans l’enceinte de sa résidence privée. Le candidat présidentiel du PLC au scrutin du 4 novembre, Enrique Bolaños, admet lui-même que le président Aleman a commis l’erreur de ne pas clarifier sa situation financière " devant le peuple nicaraguayen ". Un sondage diffusé le 21 avril octroyait 33% des intentions de vote au sandiniste Daniel Ortega, contre 25% au libéral Enrique Bolaños et 14% au conservateur Noel Vidaurre. La campagne électorale commencera officiellement au mois d’août. Aux municipales de novembre dernier, les sandinistes avaient gagné dans 11 des 17 capitales départementales, y compris à Managua, la capitale du pays. Daniel Ortega, âgé aujourd’hui de 55 ans, ne s’émeut pas de l’hostilité que lui témoigne l’ambassadeur américain. Il estime que les Etats-Unis " vont tenter d’avoir une influence sur les élections ", mais que " l’important est qu’ils vont reconnaître les résultats et qu’ils ne parlent plus d’en revenir au blocus ou à la guerre contre le Nicaragua ". " De la même façon que nous ne nous mêlons pas de l’élection (du président Bush) contestée par le peuple nord-américain, ironise Daniel Ortega, j’espère que les Etats-Unis seront respectueux du résultat " des prochaines élections nicaraguayennes. Mais une autre attaque dans cette campagne préélectorale a réussi à mettre en fureur le leader sandiniste. Le président Aleman accuse en effet le FSLN de l’assassinat de cinq proches d’un dirigeant libéral, abattus le 19 avril par un commando des Forces unies Andres Castro. Ce mouvement " est le bras armé du FSLN ", prétend le chef de l’Etat. Il dénonce ce "massacre perpétré pour dissuader les démocrates " de voter le 4 novembre et prie " Daniel Ortega et son clan d’abandonner le pays pour laisser vivre en paix les Nicaraguayens ". Le FSLN a saisi la justice pour ces "injures et calomnies".
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