Paraguay: retour au calme et levée de l'état d'exception
Dans un discours à la nation, le chef de l'Etat a attribué la responsabilité des troubles à l'opposition libérale et à l'ex-général putschiste Lino Oviedo, réfugié au Brésil voisin depuis juin 2000. Brasilia a menacé l'ex-militaire d'expulsion.
Néanmoins, aucune organisation n'a revendiqué la paternité de ce que le gouvernement qualifie de "tentative de déstabilisation". Les principales organisations paysannes et syndicales ont pris leur distances par rapport aux manifestants. La Centrale nationale des travailleurs avait même, mardi, invité ses affiliés à "ne se laisser manipuler ni par les fascistes ni par le gouvernement". Ne s'attribuant pas davantage l'organisation des manifestations, le vice-président Julio Cesar Franco, du Parti libéral radical authentique (opposition), avait tout de même appelé ses partisans à se joindre aux "manifestations spontanées de mécontentement populaire". Aussi des députés du parti Colorado menaçaient-ils, jeudi, d'entamer une procédure parlementaire menant à la destitution de Julio Cesar Franco. Le vice-président est soupçonné de vouloir s'emparer de la présidence, avec l'aide des sympathisants de l'ex-chef de l'armée Lino Oviedo, en tentant de forcer la démission du président Luis Gonzalez Macchi. Par le canal de son ambassadeur à Brasilia, le Paraguay s'est plaint formellement auprès des autorités brésiliennes, présentant ce qu'Asuncion estime être des preuves de l'implication de Lino Oviedo dans l'organisation des troubles, notamment l'enregistrement d'une conversation téléphonique au cours de laquelle l'ex-militaire, depuis le territoire brésilien, aurait donné des consignes aux manifestants paraguayens. Convoqué mercredi par le ministre brésilien de la Justice, Paulo de Tarso Ramos Ribeiro, l'ex-général Lino Oviedo a été menacé d'expulsion si les accusations portées contre lui par le Paraguay se vérifiaient. "Le Brésil ne permettra pas que son territoire soit utilisé pour menacer des nations voisines et pacifiques et en particulier des membres du Mercosur" a précisé le ministre brésilien. (Le Mercosur, marché commun sud-américain, regroupe le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay, avec la Bolivie et le Chili comme membres associés. Ebranlé par la grave crise argentine, le Mercosur n'en demeure pas moins le fondement de la politique brésilienne d'autonomie régionale visant à faire contrepoids à l'influence des Etats-Unis). Condamné par la justice paraguayenne à dix ans de prison pour un putsch avorté en 1996, accusé aussi d`être "l'auteur intellectuel" de l'assassinat, en 1999, du vice-président paraguayen Luis Maria Argaña, l'ex-chef de l'armée Lino Oviedo est en outre impliqué dans les événements du 18 mai 2000, lorsqu'un groupe de militaires et de civils "oviedistes" prirent momentanément le contrôle de deux unités de l'armée et d'un poste de commandement de la police. L'état d'exception avait alors été imposé pendant treize jours. Jouissant d'une popularité non négligeable, Lino Oviedo fonda en mars dernier l'UNACE (Unión Nacional de Ciudadanos Eticos - Union nationale de citoyens éthiques), une dissidence du Parti Colorado. Il a l'ambition de se présenter en 2003 à l'élection présidentielle paraguayenne. Cela supposerait qu'il bénéficie au préalable d'une grâce présidentielle, d'où son soutien aux tentatives du vice-président Julio Cesar Franco de supplanter le président Luis Gonzalez Macchi. En décembre dernier, la Cour suprême de justice du Brésil avait rejeté, l'estimant politique, une demande d'extradition de Lino Oviedo présentée par le Paraguay. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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