Le nouveau président du Pérou devra consolider la démocratie
Pour consolider la démocratie péruvienne, le prochain président devra dépolitiser l’armée et la police, principaux soutiens du régime corrompu et autoritaire du président déchu Alberto Fujimori. Il faudra aussi convaincre les forces de l’ordre que l’époque des escadrons de la mort antiterroristes est révolue et que la torture et les mauvais traitements généralisés, dénoncés au Pérou dans le rapport annuel 2000 d’Amnesty International, sont incompatibles avec les droits de l’homme. Une réforme de la justice est nécessaire pour rendre aux tribunaux leur indépendance et les préserver de la corruption. Le pouvoir devra encore renforcer la liberté d’expression en renonçant aux pressions sur les principaux médias, dont certains furent littéralement achetés sous le règne de Fujimori. Depuis la destitution d’Alberto Fujimori par le Congrès pour " incapacité morale permanente ", le 21 novembre dernier, le gouvernement du président intérimaire Valentin Paniagua a déjà parcouru une partie du chemin. Plus de 200 chefs de la police et de l’armée ont été mis à la retraite. Certains sont parmi le demi-millier de Péruviens mis en examen ou poursuivis par la justice pour, notamment, corruption, trafic de drogue, abus de pouvoir, meurtres ou tortures. Vladimiro Montesinos, chef des services de renseignement de Fujimori, est recherché pour enrichissement frauduleux, assassinat et tortures. Une récompense de 5 millions de dollars est offerte pour sa capture.
Alberto Fujimori lui-même est poursuivi pour meurtres et manquement à ses devoirs de chef de l’Etat. Le Pérou souhaite qu'il soit extradé par le Japon, où l’ex-président s’est réfugié en y récupérant la nationalité de ses parents japonais. Le président intérimaire Paniagua a aussi mis sur les rails une Commission de la vérité qui enquêtera sur toutes les atteintes graves aux droits de l’homme commises au Pérou pendant la période 1980-2000. Les organisations humanitaires chiffrent à 4.000 le nombre de disparus au cours de ces années. Mais le principal défi à relever pour que la démocratie ait un sens au Pérou sera de réduire la pauvreté qui frappe 60% des 25 millions de Péruviens. Ce ne sera pas facile, d’autant que les candidats à la présidence, Toledo et Garcia, sont tous deux de centre gauche et les milieux économiques prétendent observer le vainqueur plusieurs mois avant d’investir. Une coïncidence sympathique : c’est aussi le 3 juin, jour de l’élection du nouveau président péruvien, que l’Organisation des Etats américains (OEA) commencera à débattre au Costa Rica du projet de Charte démocratique de la future Zone de libre-échange des Amériques, projet soumis à l’OEA par le représentant du Pérou.
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