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Toledo élu président du Pérou: un Indien qui croit au marché

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Dossier
Pérou

LIMA, 4 juin 2001 (LatinReporters.com) - Principal artisan de la chute du président Alberto Fujimori et de son régime autoritaire, le " cholo " (indien) Alejandro Toledo, 55 ans, sera dès son investiture, le 28 juillet, le premier président d’origine amérindienne élu démocratiquement au Pérou.

Au second tour de l’élection présidentielle, dimanche, il a remporté 52% des suffrages valablement exprimés, contre 48% à son adversaire social-démocrate, l'ex-président Alan Garcia. La proportion de bulletins nuls et blancs, que l'on redoutait élevée, n'est que de 13%.

Alan Garcia a reconnu sa défaite et offert sa collaboration au vainqueur pour former éventuellement un "gouvernement de concertation nationale". Une offre qui a son importance, car aucun parti ne dispose de la majorité absolue au Congrès.

Plus de 80% des Péruviens étant Indiens ou métis, Toledo avait beaucoup misé sur son appartenance à l’ethnie andine Quechua. En campagne électorale, il avait revêtu souvent l’habit traditionnel. Il tint son dernier meeting à Cuzco, la capitale historique des Incas. Dans la région des Andes, Toledo écrasa son adversaire Garcia par 69% contre 31%.

L’écrivain hispano-péruvien Mario Vargas Llosa, ex-candidat à la présidence du Pérou et défenseur actif de Toledo pendant la campagne, croit " psychologiquement important en période de crise qu’un Indien issu des classes les plus humbles ait conquis une charge symbolique (la présidence) grâce à ses propres efforts ".

" Toledo, poursuit le célèbre écrivain, est à la fois un Indien identifié au passé préhispanique et un homme absolument moderne qui a vécu au niveau international avec une préparation académique contemporaine ".

Quatrième des seize enfants d’une famille pauvre, comme le sont 60% des familles péruviennes, Alejandro Toledo vit neuf de ses frères et soeurs mourir en bas âge. Petit cireur de chaussures et vendeur de cigarettes, mais aussi élève brillant, son intelligence lui valut une bourse d’études suivie de doctorats dans plusieurs universités des Etats-Unis. Toledo fut ensuite consultant auprès de diverses organisations internationales, dont les Nations unies et la Banque mondiale.

Economiste, il défend un libre marché au visage humain, l’Etat gardant un rôle important en matière sociale. Son parti Pérou Possible se situe entre le centre et le centre gauche. Peu après l’annonce de sa victoire, il a souhaité renégocier avec le Club de Paris une partie de la dette extérieure du Pérou. Les milieux économiques considèrent l’élection de Toledo comme un moindre mal, son adversaire Garcia étant plus marqué à gauche.

Pendant la campagne électorale, Alejandro Toledo avait affirmé " ne pas croire en la démocratie politique sans démocratie économique ". Il désirait que, plus tard, on se souvienne de lui comme du " président de l’éducation au Pérou " et promettait à la fois de réduire les impôts, de consacrer 4 milliards de dollars aux dépenses sociales, de doubler la rémunération des enseignants, de rogner le budget de l’armée et de décentraliser le pays, offrant 15% du budget national aux municipalités et aux gouvernements régionaux.

Des accusations lancées pendant la campagne électorale semblaient avoir fragilisé Toledo. On lui reprocha notamment une paternité extra-conjugale, son goût supposé pour la cocaïne et les prostituées et une gestion très personnelle d’un don électoral d’un million de dollars du financier américain George Soros.

La femme d’Alejandro Toledo, l’anthropologue belge Eliane Karp, a contribué à son succès, haranguant les foules tant en espagnol qu’en quechua. Elle ne passera pas inaperçue aux côtés du nouveau président du Pérou.


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